Ali Abdallah Salah a «bénéficié», hier, d'une salutaire «aubaine» de la part Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Le président yéménite qui prétend être l'homme de la situation face aux menaces terroristes qui pèsent sur le Yémen, a été revigoré par une attaque de l'Aqpa contre une usine de production de munitions dans le sud du pays. Les victimes, tous des civils, se trouvaient dans les lieux pour tenter de récupérer armes et munitions au lendemain de l'attaque d'Al-Qaïda contre cette unité de production militaire. Bilan : au moins 110 morts et des centaines de blessés, dont certains grièvement. Cet attentat renforce la position du président Salah. Dans un entretien à la chaîne satellitaire Al Arabiya, il a mis au défi ses opposants quant à leurs capacités de gérer le pays. «Je les mets au défi (...) de trouver des solutions aux problèmes du Yémen, même si le président part dans deux heures». «On était deux pays il y a 22 ans», le Yémen «sera partagé en trois ou quatre entités (...) et ils (les opposants) ne pourront contrôler que Sanaa et quelques provinces», a-t-il averti. Washington est du même avis. Par le biais de son secrétaire à la défense, Robert Gates, l'administration Obama a estimé que la chute du président Saleh ou son remplacement par un gouvernement «plus faible» poserait un «vrai problème» pour les Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda. «Si ce gouvernement tombe ou s'il est remplacé par un gouvernement beaucoup plus faible, alors nous ferons face à des épreuves supplémentaires au Yémen, il n'y a pas de doute. C'est un vrai problème», a-t-il affirmé lors de l'émission This Week sur la chaîne américaine ABC. «La branche la plus active et peut-être la plus agressive d'Al-Qaïda, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), agit depuis le Yémen et nous menons une coopération antiterroriste avec le président Saleh et les services de sécurité yéménites», a-t-il expliqué. Abdallah Salah a reformulé son intention de rester à la tête de présidence du Yémen. Dimanche soir, à l'issue d'une réunion du Comité central de son parti, le Congrès populaire général, il a déclaré qu'il avait fait des concessions à ses détracteurs pour «épargner au Yémen les affres de la guerre» mais en vain. «Désormais, il n'y aura plus de concessions. C'est aux comploteurs contre la nation de partir» et non pas lui car il représente «la légalité constitutionnelle».