Le torchon brûle, de nouveau, entre les pays du Golfe et leur «encombrant» voisin iranien, mécontent de la présence des troupes saoudiennes et émiraties à quelques miles de ses côtes. Une armée de 1000 hommes envoyée, rappelle-t-on, par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) mâter les manifestants chiites bahreïnis et dont la présence a suscité la colère des autorités iraniennes. Le président Mahmoud Ahmadinejad est allé même jusqu'à affirmer que l'intervention de ces forces est «un acte hideux voué à l'échec» et qu'en agissant de la sorte, l'Arabie Saoudite «joue avec le feu». Hier à Ryad, le CCG a tenu une réunion extraordinaire pour rappeler sa solidarité face à l'Iran chiite soupçonné de chercher à déstabiliser ses voisins sunnites. «La poursuite des ingérences de l'Iran dans les affaires intérieures des pays du CCG constitue une menace pour la sécurité et la stabilité régionales», a déclaré le nouveau secrétaire du CCG, Abdellatif Al Zayani en soutenant que la découverte par le Koweït d'un réseau d'espionnage à la solde de l'Iran n'était «qu'un maillon dans la chaîne des ingérences iraniennes». Le Koweït avait réagi par l'expulsion jeudi dernier de diplomates iraniens, en dépit du démenti des autorités iraniennes qui ont réfuté tout lien avec ce réseau d'espionnage, mais sans renoncer à leur «droit» de soutenir les soulèvements dans le monde arabe. L'Arabie Saoudite avait accusé son «ennemi» de toujours de s'ingérer dans les affaires des pays arabes du Golfe en réaction à un communiqué de la Commission des affaires étrangères et de la sécurité nationale du Parlement iranien qui appelle au retrait des forces saoudiennes de Bahreïn. Téhéran a haussé le ton en évoquant, à quelques heures de la réunion du CCG, un «complot occidental et sioniste» dans lequel les monarchies du Golfe tiendraient un rôle crucial. Le porte-parole du ministère, Ramin Mehmanparast, a expliqué que «ces divisions entre les pays islamiques, en particulier entre l'Iran et les pays de la région, est un complot occidental et sioniste» et «demande aux peuples de la région de faire de l'unité du monde islamique une priorité». «Nous conseillons aux gouvernements de la région d'entendre les revendications de leurs peuples pour empêcher ces complots», a poursuivi le diplomate. Les relations entre Téhéran et ses voisins se sont tendues ces dernières semaines, mais la célérité et la détermination avec lesquelles ces derniers traitent la question trahissent, plus ou moins, la crainte de voir la contestation se propager sur leur sol. Car le recours à l'épouvantail chiite parfaitement incarné ici par l'Iran, permet, non pas de détourner seulement l'opinion publique et internationale des risques de troubles les menaçant à tout moment, mais sonne comme une tentative de tuer dans l'œuf toute velléité «confessionnelle» qui serait l'œuvre de la communauté chiite fortement implantée dans ces pays.