«Notamment sur l'arrêt des ingérences dans leurs affaires internes à travers sa chaîne Al Jazeera» Les Syriens accusent les Qataris, et plus particulièrement le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Hamad ben Jassem ben Jabr Al Thani, de jouer un rôle dans les protestations qui secouent depuis trois semaines les villes de Derâa et de Lattaquieh. Comment ? En finançant les Frères musulmans et utilisant Al Jazeera pour appeler la rue syrienne à manifester contre le régime «mécréant» au pouvoir à Damas, dans une allusion aux alaouites que certains sunnites qualifient d'«hérétiques». Redoutant une contre-attaque de Béchar Al Assad après ce dépassement des lignes rouges, l'émir a dépêché son fils à Damas pour apaiser les esprits et … s'engager à réparer les dégâts par tous les moyens. Vainement. Après deux jours et quelques entretiens, dont un avec Al Assad, et un autre avec le général Mohamad Nassif, le principal conseiller du président syrien, le prince héritier est retourné bredouille à Doha. La raison ? Les Syriens lui ont fait comprendre qu'ils ne croient pas en les promesses de son père aux Arabes. Notamment sur l'arrêt des ingérences dans leurs affaires internes à travers sa chaîne Al Jazeera. Et pour cause ! Le petit émirat a des ambitions qui le dépassent. Selon certains analystes, ses voisins qui ont pris ombrage de son influence cathodique et de sa participation aux frappes aériennes contre les troupes libyennes pourraient lui faire payer un jour sa «prétention» à jouer dans la cour des grands. Parallèlement à ce climat, Damas entame ses premiers pas dans les réformes. Al Assad qui a nommé Adel Safar au poste de Premier ministre recevra avant vendredi les recommandations de la commission chargée d'abroger la loi d'urgence en vigueur depuis décembre 1962. Selon al-Watan, un quotidien privé proche du pouvoir, les conclusions de la commission «seront discutées publiquement» et «tous les avis seront écoutés» avant l'adoption de la loi. Comme pour calmer la rue, Al Assad a nommé hier Mohammad Khaled al-Hanousse comme nouveau gouverneur à Deraa, épicentre de la contestation. Est-ce suffisant ? Les Syriens de Derâa et de Lattaquié ont promis de reprendre aujourd'hui les manifestations pour appeler à la «chute du régime».