Photo : Makine F. M. Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, a animé, hier, une conférence de presse au terme de la 4e session ordinaire du conseil national de son parti. Comme à l'accoutumée, il s'exprimera sans ambages sur les questions « brûlantes » de l'actualité nationale, notamment les mouvements de protestation, les réformes annoncées par la plus haute autorité du pays, les changements préconisés, entre autres sujets intéressant l'opinion publique. «L'ETAT N'EST PAS FAIBLE» M. Ouyahia affirme que l'Etat n'est nullement faible devant les mouvements de protestation, mais réagit comme une mère à l'égard de ses enfants. Tentant ainsi de faire comprendre que la sensibilité de l'Etat est « justifiée », dans un but de maintenir la paix sociale. Il estime que les pouvoirs concernés n'ont d'autres « alternatives » à choisir, lorsqu'ils décident de répondre présent, qu'en distribuant de « l'argent », intérêt du pays oblige. Cependant, à l'adresse des « meneurs » des protestations et des marches, le leader du RND répond : « ceux qui brûlent l'Algérie, veulent voir des cadavres. Et bien non, ils n'ont pas vu cela à leur détriment. On a eu notre printemps arabe et ce n'est pas normal de créer l'anarchie et de prendre cette société en otage ». M. Ouyahia estime qu'il y a risque que les « lobbies » prennent le pouvoir si les acteurs politiques et la presse s'inclinent devant eux. Faisant remarquer, dans ce sillage, que les marches ne sont pas autorisées dans la capitale, pas à cause de l'état d'urgence. La levée de celui-ci n'a rien changé puisqu'il n'a jamais empêché l'épanouissement de la vie démocratique, indique-t-il, en soulignant qu'il ne faut surtout pas « récidiver et refaire les bêtises de 2001 ». «J'IGNORE LES CONTOURS DES REFORMES ENVISAGEES» D'un ton rassurant, le conférencier affirme que les augmentations salariales se poursuivent graduellement, en citant à titre d'exemple les médecins résidents qui, étrangement, réclament, d'après lui, l'annulation du service civil. «Je suis boumediéniste », a-t-il déclaré, avant de s'étaler sur les questions politiques, notamment les réformes annoncées par le président de la République. M. Ouyahia confirme « qu'il ignore les contours de ces réformes et aucun parti n'a été consulté. Je ne sais pas ce que va proposer le président de la République ». Le RND, dira-t-il, s'exprimera sur celles-ci au moment opportun et lorsque le « jeu » sera ouvert. Une chose est sûre, les questions concernant la promotion des libertés individuelles et la révision en profondeur de la Constitution ont été déjà annoncées par le président de la République en 2008. Donc il sera question d'annoncer autre chose. M. Ouyahia affirme cependant que son parti est contre le régime parlementaire, « arguments » à l'appui. Interrogé sur le devenir de l'alliance présidentielle, avec la menace du MSP de s'y retirer, M. Ouyahia refuse de tirer sur Soltani en se contentant de dire que la coalition avait pour but de soutenir le programme présidentiel et son ouverture à d'autres formation n'a jamais été à l'ordre du jour. Il estimera que le problème de l'alliance réside « dans sa présence sur le terrain ». A l'adresse du MSP, M. Ouyahia s'incline pour dire que le regretté Mahfoud Nahnah avait joué un rôle prépondérant lors de tragédie nationale, appartenant à un parti islamiste plaidant haut et fort les causes justes. « Nahnah a été utile dans le cadre de l'alliance présidentielle et la coordination entre les trois parties a été volontaire et non sur la base des sentiments », indique-t-il. Revenant à sa réponse sur son éventuelle candidature à la présidentielle, M. Ouyahia explique qu'il avait parlé d'un rendez-vous d'un homme avec son destin, même s'il est contre la mise de la charrue avant les bœufs. « Il m'était facile de faire un raccourci. Je voulais faire comprendre que personne n'est là à vie ou président à vie ». Interpellé sur les revendications des journalistes, M. Ouyahia estime que « le pire se trouve au niveau de la presse privée et non chez la presse publique, car celle-ci n'a jamais attribué des salaires inférieurs à 15.000 dinars ». Il tire à l'occasion sur certains titres privés qui prônent la démocratie alors qu'ils bafouent les droits des gens. CONTRE LES MESURES QUI DIVISENT M. Ahmed Ouyahia a déclaré également que le RND sera «partisan» de toutes les réformes, y compris politiques. Il a indiqué, cependant, que sa formation politique s'oppose avec «conviction» à toute démarche politique «de nature à semer la division» au sein de le société. Pour le secrétaire général du RND, «le pouvoir se conquiert pour servir un peuple» et non pour l'asservir, tout comme il ne se conquiert pas «en poussant les enfants du peuple à l'aventure, au service d'une idéologie ou d'une ambition». Les intérêts nationaux sont aussi la souveraineté dans tous les domaines, en premier lieu, «dans le choix de notre avenir national qu'il soit économique ou politique», a-t-il souligné. Au plan international, le SG du RND affirme, concernant la crise de la Libye, « qu'aucun peuple aussi cher soit-il ne mérite le sang des enfants de l'Algérie, parce que lorsque leur sang coulait aucun n'a réagi. Nous n'avons pas trouvé de soutien dans notre crise, alors on est pas prêts à faire la guerre à la planète », déclare-t-il, en rappelant la position officielle de l'Algérie qui refuse de s'immiscer dans cette affaire, s'agissant d'une question de sécurité nationale. Evoquant le «printemps arabe», M. Ouyahia a affirmé : «Nous refusons à la veille du 50e anniversaire de son indépendance, que l'Algérie serve de cobaye à quelque puissance ou à quelque hégémonie extérieure que ce soit ». LE RND PROPOSE UN SYSTÈME DE CREDIT SANS INTERÊTS Parmi ces lacunes, M. Ouyahia a notamment cité «la bureaucratie, le manque de transparence qui accompagnent parfois la distribution des logements» et la «corruption» qui porte atteinte aux prestations de certains services publics en relation directe avec les citoyens. Il faut savoir que le RND a recommandé, dans sa déclaration finale, la mise en place d'un système de crédit dont la rémunération évitera les intérêts et respectera ainsi les convictions religieuses de notre société. Il considère qu'une telle mesure contribuera au recul de l'économie informelle et à la dynamisation de l'économie nationale.