Rappelant l'avoir bien expliqué au Premier ministre israélien lors de son récent séjour à Washington, le président des Etats-Unis a plaidé, en recevant pour la première fois Mahmoud Abbas jeudi, pour la création d'un Etat palestinien tout en demandant à Israël de mettre fin à la colonisation. Bien qu'il se soit abstenu de fixer des échéances, en raison, semble-t-il, des réalités politiques auxquelles fait face le nouveau gouvernement israélien, Barack Obama a renouvelé jeudi, à l'occasion de l'audience qu'il a accordée au président de l'Autorité palestinienne, son appel pour la création d'un Etat palestinien ainsi que la fin de la politique de colonisation israélienne. Le président américain a donc fait une fois de plus pression sur Israël pour atteindre ces deux objectifs, même s'il n'a pas fixé de délais pour cela, contrairement à Mahmoud Abbas, qui a insisté sur l'urgence de progrès pour résoudre le conflit israélo-palestinien, en déclarant que “le temps est un facteur essentiel”. Il y a lieu de relever cependant que le président US n'a pas totalement omis le facteur temps si l'on se fie à ses propos : “Je pense que nous n'avons pas un moment à perdre dans l'effort de résolution du conflit, mais je ne prends pas non plus mes décisions en me fondant simplement sur des discussions que nous avons eues la semaine passée, parce que, de toute évidence, M. Netanyahu doit régler ces questions au sein de son propre gouvernement, de sa propre coalition.” Contrairement à son prédécesseur George Bush, lequel quand il avait présidé à un effort de relance du processus de paix fin 2007, s'était donné jusqu'à la fin de son mandat en janvier 2009 pour voir un accord entre Israéliens et Palestiniens, Barack Obama a refusé de s'enfermer dans un calendrier artificiel de résolution du conflit. Par ailleurs, il a affirmé que chacune des deux parties en conflit a des obligations à honorer dans ce cadre. Il faut dire qu'au vu des relations privilégiées existant entre les Etats-Unis et l'Etat hébreu, le patron de la Maison-Blanche n'avait guère les coudées franches pour acculer Tel-Aviv. Il n'en demeure pas mois, qu'il a rappelé : “Je crois fermement à une solution à deux Etats”, avec un Etat palestinien qui coexisterait avec Israël. Plus ferme sur la question de colonisation, Obama a souligné avoir été “très clair quant à la nécessité d'arrêter la colonisation” quand il a reçu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 18 mai dernier à la Maison-Blanche. Il confirme donc être en désaccord avec le chef du gouvernement israélien sur ces deux points. Ceci étant, Benjamin Netanyahu, qui a longtemps refusé d'entendre parler d'Etat palestinien, et s'est bien gardé de l'évoquer lors de la rencontre avec Obama malgré la pression américaine, il a pour la première fois parlé d'un “Etat palestinien” dimanche dernier, tout en exprimant toutefois des “réserves”. Il demeure par contre opposé à l'arrêt total de la colonisation. Mettant à profit sa présence à Washington, le président de l'Autorité palestinienne a annoncé avoir remis au président américain Barack Obama, lors de leur rencontre jeudi, un document contenant des idées pour la relance du processus de paix israélo-palestinien. Il indiquera à ce sujet que “ce document ne sort pas du cadre de la Feuille de route et de l'Initiative de paix arabe. Il contient des idées pour la mise en place de mécanismes d'application de ces deux plans”. Selon le négociateur palestinien Saëb Erakat “le président Obama a promis d'étudier ce document”.