Un tableau peu reluisant de l'économie a été dressé hier au cours des débats du forum du quotidien El Moudjahid sur le Ré-Engineering de l' économie Algérienne par des experts en économie et management. Un éclairage de la gestion économique actuelle au pays a été porté par MM. Lyès Goumiri et Abdelhak Lamiri, spécialistes en Economie de gestion. Le Docteur Goumiri donne, en premier lieu, une définition succincte du Ré-Engineering qui est «une notion du BCG (Boston Consulting Group) qui préconise pour les sociétés qui n'ont pas su se transformer dans la continuité face aux changements extérieurs de faire une mue franche, totale et dans des délais limités ou disparaître», a-t-il expliqué. Citant quelques indicateurs «rouges» à l'image de l'importation de gasoil en Algérie, la fin des exportations algériennes de pétrole pour demain et la chute de la rente pétrolière pour après-demain, cet expert soulève deux principales préoccupations : comment allons-nous vivre ou survivre ? Quelles ressources de devises trouver pour que l'Algérie puisse équilibrer sa balance commerciale ? «Je ne peux cacher ma grande inquiétude pour notre pays si nous n'entreprenons pas immédiatement des réformes structurelles permettant un Ré-Engineering de l'Algérie dans les 10-15 prochaines années», a indiqué le conférencier. Pour lui, d'aucuns pensent aujourd'hui que l'entrée à l'OMC ou l'accord d'association improbable avec l'UE pourrait tirer d'affaires l'Algérie. «Arrêtons l'errance», a-t-il préconisé affirmant que «l'Algérie économique et sociale est à repenser». «Si l'Algérie veut inscrire les activités industrielles dans ses axes prioritaires de son développement économique et rompre ainsi avec les pratiques administrées d'une économie de gestion de la rente pétrolière, il y a lieu d'effectuer alors une rupture brutale et immédiate et annoncer de nouvelles règles de gouvernance», estime-t-il. RESSOURCES HUMAINES ET MANAGEMENT : FACTEURS DU SUCCÈS La manne pétrolière a permis, poursuit-il, à l'Algérie d'effacer une énorme dette de consommation anarchique et d'engager des dépenses d'infrastructures jamais égalées. Cependant, «il n'est pas permis de commettre les mêmes erreurs. Nous n'avons pas le droit de gaspiller des ressources non renouvelables pour un développement non durable», souligne encore M. Goumiri. Il fera remarquer que l'investissement dans les biens durables et les techniques modernes, doit être accompagné par des investissements tout aussi importants dans l'éducation-qualification, la démocratie-liberté et l'environnement-préservation. Evoquant le système éducatif au pays, il s'interroge sur la baisse du niveau de notre baccalauréat et de nos diplômes universitaires, sur la désertion des classes Maths-Elémentaires et sur l'absence d'engouement de nos jeunes pour les diplômes et la compétition. Pour sa part, le Dr Lamiri a estimé que les mesures prises par les pouvoirs publics ces dernières années dont le paiement anticipé de la dette extérieure et la révision des règles régissant l'investissement étranger peuvent être efficaces pour sortir de l'«économie de rente». Pour cet expert, «il n'y a pas de pays sous-développés, mais des pays sous-gérés». Ainsi, «la force d'une économie réside dans ses ressources humaines et le management qui sont des facteurs clés du succès», dira encore M. Lamiri.