Photo : Mahdi I. Le ministre de la Communication, M. Nacer Mehal, a appelé hier les journalistes, les éditeurs et les spécialistes à participer à l'atelier sur la révision de la loi sur l'Information de 1990. Invité de l'émission «Tahaoulate» de la chaîne I de la radio, M. Mehal a indiqué que cet atelier sera l'occasion de débattre du bilan de 20 années de pluralisme médiatique en Algérie et de la promotion de l'Information nationale pour la hisser au niveau des attentes de la société algérienne. Cet atelier est également l'occasion, a-t-il dit, de «dissiper le doute permanent» et de se lancer dans une étape importante vers la promotion de l'action médiatique en Algérie et d'aspirer à un meilleur avenir». Après avoir souligné que la révision de la loi sur l'information avait «une dimension politique liée aux libertés», dont la liberté d'expression qui a un rôle fondamental dans la relation entre la classe politique et l'opinion publique, le ministre a annoncé que le ministère «entamera bientôt de larges consultations qui engloberont les gens de la profession (journalistes, éditeurs et spécialistes)». La loi de 1990 qui a préludé au pluralisme médiatique comprend des textes qui gagneraient à être renforcés lors de la révision outre la définition de certains concepts pour des textes qui n'ont pas été évoqués auparavant à l'exemple de la presse électronique qui n'existait pas alors ainsi que le rôle de l'Etat dans le soutien et l'accompagnement de la presse et la place du journaliste. IL EST IMPORTANT DE SOULEVER LES QUESTIONS LIEES A LA DEONTOLOGIE S'agissant de la dépénalisation du délit de presse annoncée dernièrement par le chef de l'Etat, le ministre a indiqué que le gouvernement avait «entamé le travail pour lever cette pénalisation stipulée dans les articles 144 et 146 du code pénal en se contentant des sanctions liées aux amendes pécuniaires pour délits d'atteinte au président de la République et aux symboles de l'Etat et de certaines institutions». Pour le ministre, il est important de soulever les questions liées à la déontologie de la presse dans le souci de protéger la profession et l'honneur des personnes, affirmant, dans ce contexte, que toute l'ambiguïté sera levée lors des consultations au sujet du code d'éthique professionnelle dont la concrétisation dépend du rôle déterminant des journalistes et des éditeurs. S'agissant de la promotion des cinq chaînes de télévision, M. Mehal a déclaré que son secteur avait présenté un dossier au gouvernement définissant la spécificité et l'autonomie de chaque chaîne pour une meilleure compétitivité dans un esprit de professionnalisme, précisant que le cahier des charges relatif au service public prendra en compte l'opération de financement dans un souci de professionnalisme et de performance. Quant au recours aux expertises médiatiques nationales, le ministre a insisté sur «l'exploitation de toutes les compétences nationales que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur du pays en leur donnant la chance de s'imposer, soulignant que «l'absence de mesures incitatives avait influé sur le travail de ces compétences». Concernant l'indépendance de la profession, M. Mehal a souligné que la période actuelle «exige l'élargissement et le renforcement du service public de la presse» dans le respect de toutes les libertés et opinions et l'acceptation de la critique rationnelle dans un cadre civilisé. Le ministère n'a donné aucune instruction aux médias publics quant à la couverture des événements que connaît la scène nationale, notamment les protestations, a-t-il assuré. S'agissant de la prise en charge médiatique des préoccupations des populations du Sud, le ministre a affirmé que la «décision de création de stations régionales de télévision est entrée en vigueur», évoquant d'autres projets urgents portant sur l'accès des régions du Sud à la radio et télédiffusion. Il a, en outre, précisé qu'il sera bientôt procédé à la concrétisation de certaines recommandations à même de permettre aux médias de prendre connaissance des activités et du travail des ministères. Il doit y avoir une direction générale de la communication au niveau de chaque ministère qui communiquera aux journalistes les informations se rapportant à leurs activités, a estimé M. Mehal. Abordant la question du monopole de la publicité, le ministre a fait savoir que «nous ne sommes pas parvenus à un bilan définitif sur le dossier de la publicité qui demeure ouvert et auquel nous allons trouver la solution nécessaire». Interrogé sur les recommandations du rapporteur spécial de l'ONU sur la liberté d'opinion et d'expression, qui a visité l'Algérie récemment, M. Mehal a indiqué que son département «n'a reçu à ce jour aucune recommandation», ajoutant que «si des recommandations sont reçues des organes de l'ONU, des réponses leurs seront apportées». Par ailleurs, M. Mehal a réfuté l'information selon laquelle le ministère aurait refusé des visas ou l'accréditation à des journalistes étrangers pour exercer leur travail et interdit l'entrée en Algérie ou la vente de journaux étrangers. VERS UNE GRILLE NATIONALE DE SALAIRE DU JOURNALISTE Il a également évoqué la question de la réorganisation de la presse publique écrite. Interrogé sur les problèmes auxquels sont confrontées la radio et la télévision en matière de retransmission des matches de football, le ministre a fait part d'une «initiative africaine» pour soumettre une protestation à la Fédération internationale de football en vue de trouver des solutions. Le ministre a, d'autre part, indiqué qu'il sera procédé à la mise en œuvre d'une grille nationale de salaire du journaliste qui englobera, non seulement les journalistes du secteur public, mais aussi tous les autres journalistes, en tenant compte des spécificités de chaque organe, qu'il soit public ou privé. «Il est inconcevable qu'un journaliste du secteur privé perçoive un salaire mensuel de 6000 DA», a insisté le ministre qui a annoncé que son département engagera à l'avenir une initiative en coordination avec le ministère de l'Habitat pour aider les journalistes qui connaissent des problèmes de logement. Sur un autre plan, M. Mehal a souligné que les portes des radios régionales étaient ouvertes aux jeunes, au niveau local, pour exprimer leurs préoccupations et œuvrer à trouver les solutions adéquates pour les associer aux grands projets inscrits dans le programme du président de la République 2010-2014. Le ministre a précisé, à ce propos, qu'aussi bien la télévision que la radio étaient à l'écoute des préoccupations des jeunes Algériens. S'agissant du rôle des médias nationaux face aux attaques des médias étrangers, M. Mehal a affirmé que la meilleure réponse à ces attaques résidait dans «le professionnalisme» en permettant l'accès de tous les Algériens aux médias nationaux pour débattre des différents problèmes que connaît la scène nationale, tout «en se conformant au respect des libertés et de toutes les opinions».