Photo : Makine F. Le chef de la diplomatique algérienne, M. Mourad Medelci, a, dans un entretien exclusif accordé, hier, à la Radio nationale, mis en garde sur les conséquences de la crise libyenne pour la sous-région, appelant à faire prévaloir dans ce pays «une solution politique». «Il y a un risque sécuritaire réel qui favorise le développement du terrorisme», dit-il et «ce risque n'est pas exagéré». M. Medelci a rappelé, à cet effet, les principes cardinaux de la politique extérieure de l'Algérie, soulignés par le président de la République dans son récent discours du 15 avril. Il s'agit d'abord «du respect de la souveraineté des Etats, de la non-ingérence» et enfin du respect de «la décision de chaque peuple qui découle de cette même souveraineté», précise-t-il. C'est sur cette base que l'Algérie a pu «fonder également sa position et réagir par rapport à la crise qui a sévi en Tunisie, en Egypte, en Côte d'Ivoire et en Libye». C'est toujours «la même position qui prévaut et elle n'a pas changé», ajoute-t-il. Toutefois, ce principe de non-ingérence est «battu en brèche» aujourd'hui par la communauté internationale, constate M. Medelci, et ce, à la faveur d'une «nouvelle philosophie» invoquée pour les besoins de «la défense des peuples», mais qui «gagnerait à être codifiée et bien cadrée par le Conseil de sécurité», dira M. Medelci. Le ministre des Affaires étrangères qui a déclaré que l'Algérie «continue à ne pas émettre d'opinion politique sur ce qui se passe dans un pays tiers», a esquissé une sortie de crise qui passe par une solution politique considérée comme la «solution la plus raisonnable» et qui doit être précédée par un cessez-le-feu. C'est la solution que défend l'Union africaine et aussi l'Algérie, non sans dire que «nous ne perdons pas espoir que la communauté internationale se rallie à cette option». M. Medelci a profité de l'occasion pour apporter un démenti sur les allégations de l'opposition libyenne qui accuse l'Algérie de «soutenir les troupes de Kadhafi» disant «avoir eu la possibilité d'en discuter avec plusieurs de nos partenaires» et les convaincre car ce ne sont que des «manœuvres dilatoires qui obéissent à des agendas qui n'ont rien à voir avec la crise libyenne». D'ailleurs, c'est à ce titre que M. Juppé, ministre des Affaires étrangères français, a considéré dans ses conversations avec M. Medelci ces «informations (accréditant l'Algérie d'être partie prenante) de peu crédibles». La France et l'Algérie partagent, selon notre ministre, l'idée que «la solution ne pourrait venir que du peuple libyen lui-même». Qualifiant de «très cordial» son premier contact avec M. Juppé, le chef de la diplomatie algérienne a également noté avoir évoqué avec lui la situation en Libye et les accusations portées par le Conseil national de transition (CNT) libyen à l'encontre de l'Algérie. «La discussion que nous avons eue n'a pas porté seulement sur cela. Ce point a été évoqué de manière incidente», a-t-il cependant précisé. «C'est d'abord sur les relations bilatérales que l'entretien a porté et, d'ailleurs, nous avons échangé à cette occasion des invitations réciproques pour que M. Juppé visite l'Algérie le plus rapidement possible et le ministre algérien des Affaires étrangères se rende dès que possible en France», a-t-il ajouté. A une question sur les relations entre l'Algérie et la France, le chef de la diplomatie algérienne n'a pas manqué de relever qu'elles sont «loin d'être tendues» malgré des approches différentes sur certains dossiers. Il y a, selon lui, «des avancées» et aujourd'hui (avec la visite de notre ministre de l'Industrie à Paris), il y a plus «de chances de relancer le partenariat industriel», dit-il. Il en est de même des relations de l'Algérie avec les USA où le ministre des Affaires étrangères parle de coopération intense, à travers des consultations régulières dans les domaines technique, économique, politique et sécuritaire. LE COMMISSAIRE EUROPEEN LE 15 MAI À ALGER POUR DES AJUSTEMENTS À L'ACCORD D'ASSOCIATION Autres chapitres évoqués par M. Medelci sur les ondes de la Radio, la relance de l'Union du Maghreb, l'Union pour la Méditerranée, les relations de l'Algérie avec l'Union européenne… Concernant le Maghreb, le ministre a reconnu que «des avancées non négligeables ont été enregistrées» reconnaissant que les pays de l'UMA auraient pu atteindre plus «s'il n'y avait pas divergence sur le Sahara Occidental» se bornant à rappeler le dernier message du chef de l'Etat. M. Medelci n'exclut pas la possibilité de réouverture des frontières avec le Maroc qui sera surtout «influencée par l'évolution des grands dossiers de coopération». Il faut savoir que parmi les rendez-vous attendus, le 15 mai l'Algérie accueillera le commissaire européen pour avaliser les ajustements à l'accord d'association. Pour ce qui est de la réunion des 5+5 de l'espace méditerranéen, le sommet prévu à Malte en juin a été reporté en raison de la crise libyenne, au même titre que le sommet arabe qui doit élire un nouveau SG et où l'Algérie «n'a pas décidé de porter de candidat», précise M. Medelci.