Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci a réitéré, dans un récent entretien de presse, l'appel que l'Algérie a déjà eu par le passé à adresser à ses principaux partenaires pour qu'ils cessent de la considérer "simplement comme un marché" pour la traiter en "vrai partenaire". Dans une interview publiée par le Wall Street Journal dans son édition du 7 mars, M. Medelci a souligné que le fait de traiter l'Algérie comme un partenaire à part entière permettrait de "pouvoir effectivement faire avancer des objectifs communs, à profits partagés". Ces objectifs, le ministre les situe dans le secteur économique et, plus généralement, dans tout ce qui permet à l'Algérie de réaliser ses propres objectifs en matière de croissance et de développement de l'emploi au profit des Algériens, a-t-il insisté. Le "changement de comportement" que l'Algérie attend de ses partenaires permettrait également, a souligné M. Medelci, d'"assurer au pays une activité durable et profitable de nature à permettre aux entreprises étrangères de prendre leur part de ce développement de l'Algérie qui, depuis une dizaine d'années, revêt un caractère exceptionnel". Sur un tout autre chapitre et interrogé sur une possible "manipulation des touaregs algériens dont certains auraient déjà, selon des dires, des passeports libyens dans le sud de l'Algérie", le chef de la diplomatie algérienne a qualifié ces propos d'"allégations" mensongères. Selon lui, "la loyauté des touaregs algériens ne fait aucun doute (même s'ils ont) ce statut très particulier de circuler dans chacun des pays de la région" "Les touaregs algériens sont des Algériens et ils ne cessent de le confirmer chaque fois que l'occasion se présente", a clamé le ministre. Quant à de prétendus "contacts directs" de l'Algérie avec le colonel El Gueddafi, M. Medelci a infirmé cette autre allégation, reconnaissant toutefois avoir été destinataire, comme d'autres ministres arabes des AE d'une lettre du ministère libyen des Affaires étrangères. Dans sa missive, informe M. Medelci, le ministre libyen "dit en gros son adhésion totale au principe retenu entre autres par la ligue arabe de l'ouverture d'une commission d'enquête qui pourrait révéler les faits dans leur objectivité" en Libye. Dans la même lettre, le chef de la diplomatie libyenne "demande que les pays arabes puissent, le plus rapidement possible, fonder leur position sur des faits contrôlés, des faits vérifiés, et réitère donc la pleine disponibilité du gouvernement libyen à accueillir une commission d'enquête qu'elle soit arabe ou non arabe", a encore révélé le ministre. M. Medelci a également rappelé l'initiative prise il y a quelques jours, par certains pays de l'Amérique Latine pour constituer une commission dont l'objectif serait d'intervenir en médiateur entre les parties libyennes concernées. "Cette initiative a, semble-il, été saluée par les autorités libyennes alors que le comité national de transition ne l'aurait pas prise en considération", a-t-il souligné. Devant l'exigence européenne d'un "départ" d'El Gueddafi, M. Medelci répond que "ce sont les peuples qui doivent décider du sort de leurs dirigeants", et estime que ce genre de déclarations "n'apporte pas grand chose et ne saurait, en aucun cas, nous faire oublier que la décision est entre les mains des Libyens et seulement des Libyens". Le ministre a également appelé à "l'extrême prudence" devant l'évolution de la situation dans ce pays, réitérant la position de principe de l'Algérie contre toute intervention étrangère. "Nous savons qu'une intervention étrangère peut donner au terrorisme une justification nouvelle. Nous n'en voulons pas parce que les exemples d'interventions étrangères dans certains pays, que je n'ai pas besoin de citer, font que ces pays continuent de payer le tribut du sang", a-t-il dit. Interrogé sur la situation en Côte d'Ivoire, le chef de la diplomatie algérienne a répété que l'Algérie était "solidaire" de la position de l'UA, qui s'est déclarée favorable à une solution politique à la crise dans ce pays et qui a eu à dépêcher une première mission de médiation au plus haut niveau. Il s'est, par contre, dit "conscient des difficultés" de cette démarche tout en exprimant son espoir que le Panel de cinq chefs d'Etat chargé des bons offices "pourra réussir son mandat" et "convaincre les deux parties ivoiriennes de trouver un consensus pour le plus grand bien de leur pays, de la sous région et de l'Afrique". Par ailleurs, à une question relative aux relations de l'Algérie avec les Etats-Unis et avec l'Iran et son "utilité" pour "faire le pont" entre ces deux pays, M. Medelci a d'abord relevé que "personne n'a mandaté l'Algérie" à cet effet, avant de réitérer la position algérienne favorable à "la coopération internationale sans aucun préjugé". "Nous sommes pour la défense des causes justes (...) nous sommes pour la justice et nous sommes contre le +deux poids deux mesures+. La position de l'Algérie avec l'Iran, c'est d'avoir avec ce pays des relations normales et elles sont bonnes, comme sont très bonnes aussi les relations que nous avons avec les Etats-Unis", a déclaré le ministre. Au sujet de l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, il a estimé qu'"il ne faudrait pas, qu'au motif qu'avec cette énergie nous travaillons au voisinage de risques sécuritaires, nous puissions isoler certains pays qui veulent accéder a l'usage pacifique de l'énergie nucléaire". Cet argument est encore plus valable "lorsque nous savons que d'autres détiennent l'arme nucléaire et que personne ne semble trop s'en offusquer", a ajouté M. Medelci. "Ce volet de notre relation avec l'Iran est basé sur la défense de ce principe de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, nous ne défendons pas autre chose que cela. Par contre, au niveau des instances internationales, l'Algérie est à la pointe du combat pour un désarmement général et complet, en particulier en matière de désarmement nucléaire", a affirmé M. Medelci.