Photo : Fouad S. Le chargé de communication, M. Djemaâ, qui était hier l'invité de l'émission politique de la Chaîne III de la radio nationale, interrogé sur l'éventuel retrait du MSP de l'Alliance présidentielle, a affirmé que cette dernière a été instituée autour d'un programme qui s'étalera jusqu'à 2014 et que son parti restera fidèle à son engagement. Même s'il adhère et soutient la démarche du président de la République et salue fortement la décision d'opérer des réformes politiques, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a formulé des observations aussi bien sur la forme que sur le fond. D'abord sur la forme, le MSP, selon son chargé de communication, M. Djemaa, qui était hier l'invité de l'émission politique de la chaîne III, estime nécessaire de définir le calendrier pour l'application des réformes et propose, dans ce cadre, que toutes les modifications politiques soient en vigueur avant la fin de l'année en cours, pour entamer l'année 2012 avec de nouvelles lois. C'est faisable, soutient M. Mohamed Djemaâ qui donne l'exemple de l'Egypte qui, d'après lui, a pu instaurer de nouvelles dispositions politiques en moins de deux mois. La deuxième observation a trait à la composition des membres de la commission chargée de la révision de la Constitution. Le MSP espère que celle-ci ne soit pas noyée en désignant de nombreuses personnes politiques, notamment ceux qui n'ont pas, selon ses appréciations, une assise politique. «Nous avons des juristes et des hommes politiques connus», souligne-t-il, avant d'ajouter qu'il revient au chef de l'Etat de désigner les membres de la commission. En parallèle, «il faudrait amorcer des débats politiques sur la question». Dans le même contexte, M. Djemaâ a fait observer que le MSP est satisfait que le Président n'ait pas défini le contenu des réformes politiques soulignant qu'il a «bien fait de laisser cette question à la concertation en vue de dégager un consensus». La dernière observation sur la forme citée par le représentant d'Abouguerra Soltani a trait à la nécessité de présenter des garanties et des gages quant à l'application des réformes, pour écarter les appréciations des uns et des autres qui sont, d'après l'intervenant, «justifiées». Allant au fond des choses, le MSP exprime sa préférence d'opter pour un régime parlementaire, pour accélérer «la rupture avec le régime actuel et basculer vers une 2e république». Toutefois, cette formation politique est pour le système parlementaire mais sans la Chambre haute du Parlement. «Le Sénat a été instauré dans une conjoncture précise mais aujourd'hui il n'a pas sa raison d'être», souligne M. Djemaâ. Et d'ajouter que son parti a émis également des réserves en ce qui concerne la revendication de la mise en place d'une constituante. Il indiquera dans ce sens : «Nous refusons une constituante qui remet tout à plat». Sur la loi électorale, M. Djemaâ a souligné que le Mouvement est pour le maintien de la proportionnelle comme mode de scrutin mais il estime obligatoire de revoir l'organisation pour prendre en considération la catégorie des analphabètes. Le mode de financement des partis doit être également modifié. «Il y a des partis qui se constituent en entreprises fleurissantes à chaque élection. Il faudrait, selon lui, financer que les partis ayant des élus». Au sujet de l'ouverture du champ audiovisuel, le porte-parole du MSP a indiqué qu'il «est temps de l'ouvrir à l'initiative privée». La création de chaînes thématiques demeure, à ses yeux, «insuffisante». Concernant le code de l'information, M. Djemaâ a fait remarquer que «l'ancien n'était pas mauvais», soulignant que la décision de la dépénalisation du délit de presse est, par contre, «bonne», proposant au passage l'installation du conseil d'éthique et déontologie et un conseil de vigilance et de contrôle de la manne publicitaire. En résumé, M. Djemaâ a indiqué que le MSP est pour «une presse pluraliste». A la question de savoir si les partis de l'Alliance se sont concertés sur les changements politiques en vue de formuler des propositions communes, l'intervenant a souligné qu'aucune initiative n'a été prise dans ce sens. Sur le possible retrait du MSP de l'Alliance présidentielle, l'invité de la radio s'est contenté de dire que cette dernière a été instituée autour d'un programme et que ce dernier s'étalera jusqu'à 2014. Sur le plan social, M. Djemaâ estime que l'Etat «a été surpris par la contestation populaire» soulignant que 2500 mouvements sociaux (émeutes, contestations, sit-in) ont été enregistrés depuis le début de l'année. Cependant, le porte-parole du MSP souligne que l'Etat «ne doit pas céder au chantage mais dire la vérité au peuple». S'il considère que les augmentations des salaires sont «judicieuses», M. Djemaâ estime, néanmoins, que les mesures prises pour calmer les contestataires «relèvent du social» qui néglige l'aspect économique.