Photo : Fouad S. Selon une étude réalisée par une commission de la wilaya en janvier dernier, beaucoup de jeunes demandeurs de crédits Ansej ou Cnac sont freinés dans leur élan par les tracasseries administratives mais aussi et surtout à cause de l'apport personnel de 5 à 10 % du montant global de leur projet. Les jeunes chômeurs qui veulent se lancer dans une activité commerciale, estiment que 10 % d'un projet moyen représente une somme qui dépasse le plus souvent les 300 000 da. Ainsi, les jeunes universitaires par exemple trouvent toutes les peines du monde pour rembourser les crédits et les loyers des commerces qu'ils ont acquis dans le cadre de l'opération de 100 locaux pour chaque commune. La commission qui a rédigé son rapport ces derniers jours et qui a mené son enquête sur tout le territoire de la wilaya, juge par ailleurs que concernant le dossier que doivent fournir les demandeurs de crédits Ansej, il a été constaté que parmi les contraintes administratives le casier judiciaire figure comme étant la première condition qui restreint l'approbation des projets. Beaucoup de dossiers ont été rejetés parce que les différentes agences Ansej de la wilaya les refusent systématiquement ou les ajournent dans certains cas. Depuis le mois de janvier et les émeutes qui ont secoué le pays, la wilaya de Constantine a multiplié les efforts pour offrir davantage de mesures incitatives et d'aplanir les obstacles administratifs qui se dressent devant les jeunes. Face à la forte demande et à l'empressement des jeunes, la wilaya a commencé par restructurer l'activité : allégement de la paperasse, réouverture de certaines activités longtemps arrêtées (transport), décentralisation des commissions Ansej à travers la wilaya, ou encore les changements apportés aux équipes de ces commissions. Une autre directive a été adressée aux agences de l'Ansej, la Cnac, et l'Anem les sommant de conjuguer leurs efforts et de coordonner entre elles les dispositions de l'aide de l'Etat aux jeunes. Une batterie de mesures qui a certes permis à beaucoup de jeunes chômeurs de bénéficier de l'aide de l'Etat, mais toutes non pas porté leurs fruits, car les procédures, et c'est ce que constatent du moins les concernés, sont de plus en plus lourdes et les réponses tardent à arriver à leurs destinataires. Les autorités ne doivent-elles pas penser à restructurer un organisme de la taille de l'Ansej qui occupe des bureaux devenus trop exigus et un personnel souvent dépassé par les demandes ? Un employé administratif de l'Ansej nous a fait part de ses inquiétudes et de ses problèmes : «Nous subissons une énorme pression, chaque jour on nous appelle pour des interventions, en plus de l'afflux des jeunes dans les bureaux. Tous les soirs quand je sors du boulot j'éteins mon téléphone, mais parfois des gens viennent chez moi à la maison pour des petits services. C'est très frustrant». Notre interlocuteur nous a également révélé que depuis qu'il a été décidé depuis le mois de janvier d'autoriser à nouveau les dossiers d'acquisition de voitures de transport, pratiquement toutes les demandes des jeunes vont dans ce sens : «Plus de 90 % des jeunes veulent un véhicule ou un camion, qu'importe le projet, ce qui m'inquiète c'est qu'apparemment ils sont inconscients, car plus tard ils auront d'énormes difficultés à rembourser la totalité de leurs crédits».