Le 8 Mai 1945 reste cette date sombre et ignoble de par les crimes perpétrés pour l'administration et l'armée coloniales françaises. Si bien que pour les familles des victimes mais aussi pour la mémoire collective, il n'est cessé de réclamer que justice soit rendue par la condamnation de ces crimes perfides. La loi portant crime contre l'humanité de la colonisation française continue à susciter de chauds débats notamment à propos des massacres du 08 mai 1945. Ainsi pour M. Abdelkader Kacher, enseignant à la faculté de Droit de Boukhalfa de Tizi-Ouzou et membre de la Fondation du 8 Mai-45 " le législateur doit réformer la loi, pour qualifier ce qu'ont commis les Français dans notre pays de crimes de guerre, de génocide et de crimes contre l'humanité et la justice algérienne aura ainsi compétence universelle d'en juger les auteurs» ou encore «il suffira à l'Algérie d'ajouter un seul article au code pénal pour pouvoir incriminer les auteurs des crimes de guerre commis par le colonialisme». M. Kacher fera aussi part de cette volonté de tous les Algériens de voir l'Etat français, les commanditaires et les auteurs des actes commis par l'armée française en Algérie traduits devant les tribunaux pour répondre de leurs crimes. Mais pour lui il est impératif dans un premier temps «de voir le code pénal revisité avec un seul article qui permettrait ainsi de qualifier ces actes de crimes génocides, contre l'humanité et de guerre» à l'effet de permettre d'ester en justice des personnes physiques responsables de ce crime. En fait, pour lui les événements du 8-Mai 45 ont été à l'époque qualifiés par les autorités et la presse françaises «de simple faits divers au cours desquels des français ont été assassinés sans en faire référence au massacre des algériens qui n'étaient pour eux une sorte de légitime défense».M. Kacher met l'accent avec un retour en arrière avec les implications des tribunaux de Nuremberg en 1948 et de Tokyo en 1948 qui avaient qualifié les actes des armées allemandes et japonaises de crimes de guerre. «La jurisprudence de ces deux tribunaux servent d'assises juridiques à tout acte qualifié de génocide mais ce sont la convention de 1968 sur l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité et le traité de Rome portant la cour pénal international qui ont donné les éléments constitutifs de crime contre l'humanité» soulignera encore M. Kacher qui ajoutera à ce propos «se servant de ces deux instruments on peut dès lors aboutir à la qualification des actes de l'armée français durant toute la colonisation de crimes contre l'humanité donc imprescriptibles». Une telle démarche rendrait selon lui caduque la loi interne signée en 1962 entre l'Algérie et la France qui avait prescrit tous les actes commis avant le 4 juillet 1962. En effet pour lui et se basant sur l'article 132 de la constitution qui stipule que les traités et accords ratifiés par le président de la République sont supérieures à la loi «L'Algérie ayant ratifié la convention de 1968, cette dernière est supérieure à la loi faisant ainsi de la loi de 1962, un texte caduque». Partant de ce fait, M. Kacher soutient donc que tout association de droit algérien, dont la Fondation du 8-Mai 45, a le droit de présenter une réclamation auprès des tribunaux algériens «mais cela ne peut se faire qu'une fois l'ultime réforme du code pénal accomplie avec l'introduction d' un article unique qui stipule que les crimes contre l'humanité, les génocides et crimes de guerre sont imprescriptibles et rendre ainsi la Justice Algérienne à compétence universelle». M. Kacher étaye ses propos en faisant référence à la Belgique, à l'Espagne et à la France qui ont introduit un tel article «ce qui a amené d'ailleurs la Justice française à juger Papon». Pour lui il ne faudrait pas s'attendre à ce que la Justice française rendre justice aux Algériens. Ainsi pour M. Kacher, il est nécessaire de «réformer le code pénal et surtout avoir une volonté pour impliquer tous les acteurs des douloureux événements vécus par l'Algérie durant la colonisation en poursuivant les commanditaires même à titre posthume».