La grève des étudiants durant la guerre de Libération nationale le 19 mai 1956 a été une bonne décision, selon Hocine Benmaâlam qui est l'un des étudiants qui ont suivi une formation militaire durant la Révolution de Novembre. «Les dirigeants de la Révolution étaient sûrs de l'indépendance de l'Algérie et la préparation des cadres pour la nation était une préoccupation majeure pour eux. Ils nous encourageaient à poursuivre nos études à cette fin. Mais la grève des étudiants décidée par Abbane Ramdane a beaucoup servi les étudiants qui ont suivi leurs études militaires et civiles dans des pays arabes et des pays de l'Est. Ils sont devenus plus tard de brillants cadres durant la Révolution et après l'indépendance», a-t-il déclaré, hier, lors d'une conférence-débat sur la formation militaire durant la Glorieuse Révolution de Novembre. L'intervenant au forum d'El Moudjahid qui a travaillé pendant une année avec le chef de la Wilaya III, le colonel Amirouche, a affirmé que ce dernier était un grand révolutionnaire, homme intègre, bon, humain qui s'occupait de ses frères d'armes et qui n'a jamais détesté les intellectuels comme certains l'accusent. Au sujet de la Bleuite, une opération dans laquelle des étudiants rejoignant le maquis ont été exécutés, il dira que ce n'était pas une affaire facile à gérer. «C'est une grande opération montée par les services psychologiques de l'armée française dirigés par le général Jacquin et le capitaine Léger. Il faut reconnaître que les Français l'ont réussie, comme nous, nous avions réussi d'autres opérations dont l'Oiseau bleu. Pendant la guerre, on gagne des batailles, on en perd d'autres, l'important c'est de gagner la guerre», a-t-il argumenté. «Des erreurs ont été commises, mais de bonne foi, le but était de sauver la Révolution», a-t-il ajouté. Concernant les récentes déclarations d'Ahmed Benbella, le général à la retraite s'est interrogé sur les raisons qui l'ont amené à amoindrir le patriotisme des chefs historiques de la Révolution comme Boudiaf ou Aït Ahmed. La rencontre organisée par l'association Machaâl Echahid a été également l'occasion pour rendre hommage à un Moudjahid qui s'occupait de la formation militaire dans la frontière Est : le défunt commandant, Rabbahi Nouar dit Si Rabah Nouar, né le 30 août 1918. Il a travaillé dès l'âge de 15 ans chez un colon qui l'exploitait et l'humiliait. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été embarqué pour passer le service militaire en France où il a rencontré des soldats africains et asiatiques emmenées d'autres colonies. Si Nouar a notamment été impressionné par les militaires allemands qui ont envahi la France à cette époque-là. Après la guerre, il a travaillé comme cheminot et rejoint le mouvement nationaliste. En novembre 1954, il a attaqué une station d'essence. Il a été arrêté mais relâché une année ensuite pour manque de preuves. Le Moudjahid a été chargé ensuite de la formation. Après l'indépendance, il a été nommé wali à Annaba avant que des divergences avec l'ancien président ne lui coûtent l'exil politique. Selon ses élèves, il était un père avant d'être un formateur. Selon Mohamed Salah Gunifed, Si Nouar était un homme qu'on ne risque pas d'oublier. «Sans lui, nous n'aurions pas continué notre formation», a-t-il témoigné. En plus de la formation dans les bases, les dirigeants de la Révolution ont envoyé les étudiants poursuivre des formations militaires dans des pays arabes et des pays de l'Est. Selon les intervenants, le premier pays qui a accepté était l'Egypte mais il s'agissait, dans un premier temps, de formations accélérées. Par la suite, les étudiants ont été envoyés dans des académies militaires en Syrie, en Irak et en Jordanie. Ce n'est qu'après que l'Egypte a accepté d'intégrer les Algériens dans ses académies militaires. «C'était un louable service que les pays arabes nous ont rendu», ont reconnu les bénéficiaires qui ont assisté à la rencontre.