Les familles des 17 marins algériens otages des pirates somaliens depuis le 2 janvier ont organisé hier un sit-in de protestation devant le siège du groupe CNAN à Kouba pour exprimer leur détresse face au sort réservé à leurs proches. Epouses, enfants, frères et pères...des otages étaient présents devant les portails en fer fermés de la compagnie maritime dont la filiale, International Bulk Carrier (IBC), a loué le navire MV Blida à un affréteur jordanien. « Les responsables de la CNAN qui ont eu vent de ce rassemblement ont préféré ignorer leurs problèmes et ne pas recevoir les familles ». Face à cette situation, la colère des manifestants est montée d'un cran. Les familles venues de d'Alger, de Dellys, Jijel, Hadjout, Collo, Annaba, Bou-Ismaïl et Tizi Ouzou ont étalé sur les façades du siège des banderoles sue lesquelles on peut lire : «Sauvez les enfants d'Algérie, leur vie est en danger», «5 mois de souffrance, ça suffit», «SOS, rendez-moi mon papa» ou encore «Notre pays a-t-il moins de puissance qu'un affréteur ?» et «Combien coûte une vie ?». « Mon époux m'a appelé au téléphone durant 9 minutes vendredi passé à 7 h 30. Il m'a signalé que l'état moral des otages est au plus bas», raconte Mme Hanouche qui précise que les 17 marins sont entassés dans une pièce, ne sortant presque jamais et mangeant uniquement du riz et des spaghettis. « Il n'y a pas de douche et l'eau qui leur est proposée est impropre à la consommation», ajoute-t-elle et de se demander pourquoi le gouvernement tunisien a payé 4 millions de dollars pour la libération des 26 otages qui étaient à bord du Hannibal, navire qui a été lui aussi victime d'un détournement au large des côtes somaliennes. Le secrétaire général du syndicat CNAN-Nord, Aïttou Ahmed, présent en solidarité avec ces familles, a proposé carrément l'organisation d'un téléthon pour payer les ravisseurs et libérer les otages du fait que l'Algérie a ratifié la convention de non-payement de rançon aux ravisseurs. Pour le secrétaire général du syndicat d'IBC, Fateh Tridi, l'affréteur jordanien veut se dérober de ses responsabilités. «Depuis la prise d'otages, on ne l'a vu qu'une seule fois», observe-t-il. Les familles à leur tour se disent désorientées. Entre attendre que les choses se règlent alors que cela dure depuis 5 mois et faire des sit-in, pour faire pression sur les autorités, elles ne savent plus à quel saint se vouer. Certaines d'entre elles sont arrivées à quémander pour manger et se déplacer sur Alger pour sensibiliser la CNAN, IBC et les hauts responsables des ministères des Affaires étrangères et des Transports. « La prochaine étape, selon Mme Kahli, la sœur de Smaïl Kahli, l'otage le plus âgé, est de se rassembler devant l'ambassade de Jordanie pour que l'affréteur prenne ses responsabilités ».