Photo : Slimen S.A. Jean de Lafontaine trouve tout son «laborieux message» dans cette terre qui ne tarit pas d'imaginations. Autant les fouilles et besognes imaginatives sont mises à l'épreuve de la littérature enfantine, tant est le besoin de creuser encore plus loin pour extirper de la mémoire collective des traits de personnalités qui s'adaptent au vaste patrimoine culturel. Dans notre bouillonnante société, il y a matière à concrétiser un colossal travail pour rendre justice à un héritage qui manque le moins. Dans la chronique des contes et récits, le répertoire national est dans sa phase de recherches pour accueillir d'interminables joutes récréatives afin de rendre à l'histoire ce qui appartient à l'enfance. Dans le monde féerique de la littérature juvénile, la ville de Jijel vient de nous livrer ses secrets, jalousement gardés dans cette contrée des Kotama, d'où partirent les Fatimides pour aller construire l'Egypte. C'est parti par un coup de génie d'un jeune féru du conte local pour nous replonger dans la magnificence du récit. «Diab et Loundja ou sept contes jijelis» est un titre d'un ouvrage que vient de publier le Pr Kamel Abdou, chef du département de langue et littérature française à l'Université Mentouri de Constantine. Cet ouvrage bilingue, transcrit en arabe dialectal, est, selon l'universitaire Abdelhamid Bourayou qui a signé la préface de ce recueil, une «initiative qui vient combler à temps, un manque dans le paysage éditorial algérien». L'auteur originaire de Jijel narre des contes glanés et réunis dans la région de Jijel, et dont aucun n'a été publié à ce jour. Dans ce nouvel espace récréatif, l'auteur nous fait voyager dans un monde féerique de «Dieb, le fils du Sultan» et de «Loundja Bent El Ghoul» (fille de l'ogresse). Le premier conte imbrique des procédés issus des récits oraux connus dans les attitudes et les situations discussives des Beni Hillel, célèbres dans les diverses régions d'Algérie (telles les joutes oratoires consistant en l'échange d'énigmes à décoder dans le but de confirmer l'identité). Le second est très populaire dans les zones montagneuses du pays. Les récits sont présentés avec un jeu de termes linguistiques puisés dans le riche lexique de l'arabe populaire algérien, avec une exploitation de divers niveaux et registres du dialecte local. L'auteur estime que les histoires racontées dans les contes ont la particularité de continuer à attirer et à séduire par-delà, les différences des aires géographiques, des langues et des cultures.