Photo : Fouad S. Six organisations syndicales du secteur de l'enseignement supérieur ont présenté, hier, leurs propositions à l'Instance des consultations sur les réformes politiques. Elles s'accordent toutes à dire que l'application des textes de loi fait défaut. Le Syndicat national des professeurs et des maîtres conférenciers des sciences médicales, par la voix de son secrétaire général Nacer Djebaïli a indiqué à la presse au bout d'une heure et demie de dialogue, qu'il n'existe pas effectivement de problème de textes, mais de non-application de ces derniers. «Le pouvoir politique ne peut pas se renforcer par les lois uniquement», déclare-t-il en attirant l'attention sur «l'impératif» de mettre fin à l'Exécutif actuel et ce dans le cadre d'une période de transition. «Il faut mettre en place aussi, enchaîne-t-il, une commission pour réfléchir aux problèmes de l'Algérie, en tentant de faire un diagnostic de la crise». Le docteur Farès Asla, secrétaire général du Syndicat national des maîtres assistants en sciences médicales, est convaincu, pour sa part, que «ce n'est pas le réaménagement des lois qui va résoudre les problèmes». «La non-application des textes est patente et l'exemple le plus édifiant démontrant cet état de fait est la corruption», a-t-il dit. M. Farès opte pour la réhabilitation de la confiance entre le gouvernement et le peuple à travers le changement du système de gouvernance, passant inéluctablement par l'ouverture médiatique et politique. Messaoud Amarna, secrétaire général du Syndicat national des professeurs universitaires, laisse entendre dans la foulée qu'il est important de procéder à la révision de la Constitution, en redéfinissant la nature du régime politique du pays, et en réajustant également les textes de lois préconisés par le président de la République dans le cadre de ces réformes politiques. L'accent a été mis sur les universitaires lors des débats, a-t-il dit, étant «la force scientifique» devant avoir une place particulière dans la vie politique et au sein de toutes les institutions de l'Etat. M. Rahmani, coordinateur du CNES, affirme, quant à lui, que les pouvoirs publics ont une lourde responsabilité à assumer, car il est temps de laisser émerger la conscience citoyenne, seule apte à «distinguer le bon grain de l'ivraie». La promotion des libertés individuelles et collectives constitue une condition nécessaire pour tout projet de réforme, tranche-t-il. M. Smati Kamel, secrétaire général du Syndicat des chercheurs permanents, partage le même avis concernant la non-application des lois, en estimant nécessaire le changement des pratiques quotidiennes. Il plaidera pour une Constitution consacrant la séparation des pouvoirs, l'organisation des élections sous une supervision juridique, l'ouverture du champ audiovisuel et surtout favoriser «la légitimité des compétences au lieu de la légitimité révolutionnaire». Au final, Ahmed Boucenna, président de l'Association nationale des professeurs et des maîtres conférenciers, a réitéré le même souci ayant trait à l'inapplication des textes, en affirmant en guise de solution le changement de la philosophie colonialiste et communiste mise en place depuis l'indépendance. «L'Etat doit être l'Etat de tous les Algériens», tonne-t-il en estimant que le peuple doit être le centre de la souveraineté nationale. En ce qui concerne la Constitution, il faudrait, selon, lui, procéder à la réduction de ses articles en évitant «le remplissage». La Constitution doit renfermer des outils d'une révolution démocratique, conclut-il.