Beaucoup de familles habitant la Casbah ont passé une nuit blanche suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues dans la nuit du lundi au mardi. Des chefs de famille, la peur au ventre, croyaient qu'ils allaient recevoir incessamment le plafond sur leur tête. Blottis les uns contre les autres, les femmes et leurs enfants ont choisi un coin de la maison, tandis le chef de la famille évacuait l'eau en dehors de la maison. C'est le cas d'une famille qui compte quatre personnes, demeurant au 4, rue impasse Sidi Abdellah. La chambre où ils vivent a été submergée par l'eau de pluie. C'est une fissure au plafond qui laisse entrevoir la lumière. Bien que réparée plusieurs fois depuis le séisme du 21 mai 2003, cette craquelure s'est agrandie pour devenir un gros trou. Une autre famille qui habite en dessous a vécu le même cauchemar. Les yeux fatigués par le manque de sommeil, la maman a, dès les premières averses, rangé les matelas dans un coin pour les préserver et a pris un récipient pour récolter l'eau qui ruisselait du plafond. «C'est de cette manière qu'on a passé la nuit», raconte-t-elle. «Les enfants tous scolarisés ont été obligés de dormir à tour de rôle à cause de la pluie. Ces dernières années, les services techniques de l'APC ont été avertis à plusieurs reprises. Les fissures sont multiples et des bouts de mur se sont détachés laissant apparaître la terre qui retient, tant bien que mal, les pierres désagrégées par le facteur temps. Chez une autre famille, le plafond gorgé d'eau, retenu par les poutres en bois, a cédé de quelques centimètres. «Le père bricoleur l'a soutenu avec des madriers avant de partir au travail», a affirmé la maman. Plus bas, à la troisième impasse habite une dizaine de familles. Ils sont environ 44 personnes à avoir passé une nuit blanche. A chaque fois que l'orage tonnait, les habitants se serraient les coudes en se disant à voie basse quelle est la «douira» qui va s'écrouler. Plus bas encore, c'est l'impasse Hocine Bourahla. Au numéro 6 habite Youcef. Il venait juste de la mairie où il a été reçu par les services techniques. Ces derniers lui ont promis de passer pour constater de visu les dégâts des 40 millimètres de pluies tombées en une nuit. Lors du séisme de mai 2003, les services techniques de l'APC ont promis une consolidation de leur «douira», mais aucune entreprise ne s'était présentée. Pour minimiser les dégâts causés par les eaux, il a eu recours au plastique et à la tôle ondulée pour couvrir la maisonnée. Cependant, l'eau abondante a fini par avoir raison en s'infiltrant le long des murs. Selon les éléments de la Protection civile, aucun mort n'est à déplorer dans la commune de la Casbah. Le seul dégât matériel relevé est l'effondrement partiel d'un faux plafond d'une vieille habitation sise au 17, rue des frères Racem.