Les dernières pluies torrentielles qui se sont abattues sur la capitale n'ont pas épargné le vieux bâti de La Casbah. En effet, une bâtisse située au 19, rue de la Mer Rouge, à La Haute Casbah, s'est effondrée en grande partie : terrasse, plafonds, murs, rampe d'escalier, cuisine et toilettes ont cédé. Les 4 familles occupant les lieux ont été surprises dans la nuit en plein sommeil. Les amas de terre et de gravats qui ont dévalé d'un coup ont envahi tout l'espace et obstrué la porte d'accès, les empêchant ainsi de se sauver. Ces familles n'ont dû leur secours qu'à l'intervention des éléments de la Protection civile. Une fois le passage dégagé, les habitants ont quitté précipitamment ce qui restait de leur demeure pour aller se réfugier chez les voisins. Déjà à la fin des années 1980, les services de l'APC ont déclaré la-dite construction sinistrée et dans un état de délabrement avancé. Suite à quoi, ses occupants ont été évacués et relogés dans des logements neufs. Profitant de cette situation, mais surtout par nécessité, d'autres familles l'ont squattée, en 1988, nonobstant le danger auquel elles s'exposaient. Des travaux de rénovation ont été effectués pour tenter de consolider cette bâtisse qui tombe en lambeaux. Mais lors du séisme de mai 2003, cette dernière a démontré sa vulnérabilité. C'est ce que nous explique M. Ayoubi, un père de famille y habitant. « Nous avons frôlé la catastrophe. Les employés de l'APC, la Protection civile, le CTC, la police, sont tous venus constater l'étendue des dégâts. On nous a sommés de quitter les lieux sans nous proposer de solutions. » Et d'ajouter : « Craignant le pire, nous avons dressé des tentes non loin de là, sur un terrain vague. Nous y avons campé 4 mois. Plus tard, on nous a signifié de plier bagage ». N'ayant pas d'autre alternative, nous avons regagné notre demeure. Un autre père de famille intervient : « Nous avons frappé à toutes les portes. Les démarches entreprises auprès des services concernés n'ont rien donné. Rien n'a été fait pour nous sortir de là. » Et de conclure : « Nous n'avons pas où aller, nous craignons énormément pour notre vie. Nos femmes et enfants sont éparpillés chez les voisins, ou la famille. Mais jusqu'à quand ? » L'arrivée des averses n'augure rien de bon pour ces familles, qui vivent dans la peur et l'angoisse que le ciel leur tombe sur la tête. L'hiver dévoile inexorablement la fragilité du bâti et grossit le nombre d'effondrements de maisons dans la vieille Casbah, à l'instar d'autres quartiers. L'alarme est tirée.