L'UA, dans le sillage de la Ligue arabe, avait demandé au Conseil de sécurité de l'Onu de surseoir le procès intenté par la CPI contre le président soudanais pour génocide, se demande s'il n'est pas plus indiqué pour elle de mener sa propre enquête sur des allégations pesant contre l'un des siens, Omar El-Bachir. “Nous ne condamnons pas les actes d'accusation mais l'UA devrait conduire sa propre enquête afin que nous puissions décider par nous-mêmes”, a prôné Museveni, le président ougandais. Le procureur de la Cour pénale internationale, le juge argentin qui a cassé les généraux de la dictature argentine, Luis Moreno-Ocampo, a demandé le 14 juillet aux juges de la Cour d'émettre un mandat d'arrêt contre Omar El-Béchir pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest du Soudan en guerre civile depuis 2003. S'il est confirmé, ce qui pourrait prendre plusieurs mois, il s'agira du premier mandat d'arrêt émis par la CPI, basée à La Haye, à l'encontre d'un chef d'?tat en exercice. Khartoum a rejeté les accusations et l'UA qui avait demandé le 21 juillet au Conseil de sécurité de l'ONU un sursis dans la procédure de la CPI afin que le processus de paix au Soudan ne soit pas compromis. Le conflit au Darfour a fait plus de 300 000 morts selon l'ONU et 10 000 selon Khartoum. L'intervention du président ougandais n'est pas fortuite car lui-même considère que le Soudan a également commis des crimes de guerre en soutenant l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), formée de rebelles ougandais qui combattent le régime de Museveni depuis deux décennies. La LRA utiliserait des bases au Soudan avec le soutien du gouvernement de Khartoum selon Kampala et un mandat d'arrêt international a été lancé en 1995 contre Kony, le chef de la rébellion en 1995, par la CPI. La LRA mène dans le nord de l'Ouganda une des guerres civiles les plus longues et les plus sanglantes d'Afrique, qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué le déplacement de près de deux millions de personnes. Museveni a pris le pouvoir lors d'un coup d'?tat militaire en 1986, trois ans avant que Béchir ne s'en empare à Khartoum. D. B./Agences