L'annonce du report du référendum d'Abyei a suscité une levée de boucliers à Juba, la capitale sudiste. Le référendum de la région pétrolifère disputée d'Abyei au Soudan, qui doit choisir son rattachement au Nord ou au Sud du pays, ne pourra se tenir le 9 janvier comme prévu, selon des responsables, une éventualité qui suscite la colère des sudistes. Les différends persistant sur les critères d'éligibilité des électeurs constitue un frein à ce scrutin, qui pourrait même ne pas avoir lieu, ont fait valoir jeudi des responsables du parti au pouvoir. L'administrateur en chef de cette région, située à la lisière entre le nord et le sud du Soudan, Deng Arop Kuol, a immédiatement réagi en affirmant qu'un report serait «inacceptable», n'écartant pas que la population organise son propre référendum sous supervision internationale. «Nous nous sommes mis d'accord sur le fait qu'il n'était pas possible de tenir le référendum à Abyei le 9 janvier», a affirmé lors d'une conférence de presse à Khartoum, Al-Dirdiri Mohammed Ahmed, responsable de la question d'Abyei au sein du Parti du Congrès National (NCP).. «Le référendum, s'il se tient à cette date, fera face à un certain nombre de problèmes», a-t-il ajouté, au premier rang desquels «le problème de l'identification de l'électeur qui aura le droit de voter». M.Mohammed Ahmed faisait partie de la délégation du NCP qui a participé pendant neuf jours à Addis Abeba à des négociations, sous l'égide de l'Ethiopie et des Etats-Unis, avec le Mouvement de libération du peuple du Soudan (Splm, ex-rebelles sudistes) sur le statut d'Abyei. Les deux parties avaient annoncé mardi l'échec des pourparlers. Les citoyens d'Abyei doivent en principe voter le 9 janvier pour décider leur rattachement au nord ou au sud du pays. Le Sud-Soudan doit le même jour aller aux urnes pour choisir entre le maintien de l'unité du Soudan ou la sécession. Ces scrutins sont les points-clés de l'accord de paix global ayant mis fin en 2005 à deux décennies de guerre civile entre le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, en grande partie chrétien. Le référendum «ne peut pas être reporté. Il doit se tenir à la date prévue. Personne à Abyei ne l'acceptera, c'est inacceptable», a affirmé Deng Arop Kuol. «La population d'Abyei aura quelques options, comme organiser son propre référendum et inviter la communauté internationale à le surveiller». L'annonce du report du référendum d'Abyei a suscité une levée de boucliers à Juba, la capitale sudiste. «Parler d'un report est une excuse pour l'annulation (du scrutin), donc il ne doit pas y avoir de report de la date du référendum», a un commerçant originaire d'Abyei. Les responsables du parti présidentiel ont annoncé la tenue de nouvelles discussions entre sudistes et nordistes le 27 octobre, au cours desquelles seront examinées des solutions à la crise «en sortant du cadre du protocole d'Abyei» qui garantissait la tenue du référendum. En clair, nordistes et sudistes envisagent de trouver une solution pour Abyei qui n'impliquerait pas nécessairement la tenue d'un référendum sur le statut de cette région. La démarcation effective des frontières d'Abyei et une participation d'une tribu nomade arabe nordiste, les Messiriya, sont deux des principaux points de discorde. La loi sur le référendum, approuvée en 2009 par le Parlement, accorde le droit de vote aux membres de la tribu sudiste Ngok Dinka d'Abyei, mais ne mentionne pas explicitement les Messiriya. Ces derniers, qui migrent chaque année dans la région d'Abyei en quête de pâturage pour leur bétail, ont récemment menacé de commettre des actes de violence dans cette région s'ils n'obtenaient pas le droit de vote. Des combats meurtriers en mai 2008 à Abyei avaient fait craindre le retour à la guerre civile Nord-Sud.