Les journées du film amazigh ont débuté le 21 mai dernier au niveau de la Cinémathèque algérienne, à Alger, qui se poursuivront jusqu'au 25 juin 2011. Cette manifestation offre l'opportunité de visionnage de plusieurs œuvres cinématographiques, des longs-métrages et des documentaires, dont la particularité reste le succès recueilli à leur sortie. Des séances spéciales, notamment pour enfants et lycéens, ont été également retenues dans ce cadre afin de toucher un public large, ont indiqué les encadreurs de cet événement, qui ne désespèrent pas de faire le plein et de rattraper la séance inaugurale, où le public a fait largement défaut à cause d'un problème d'information. Seuls les «indécrottables» cinéphiles qui habituellement émargent au sein de la Cinémathèque algérienne, y ont pris part. Pour ce faire, d'aucuns misent sur la projection du court-métrage «Dihia» du jeune et ambitieux réalisateur Omar Belkacemi. Ce court-métrage de 22 minutes, réalisé sur une durée de trois ans, décrit les affres et le quotidien d'une femme paysanne en général et la maman du réalisateur en particulier. Le rôle de «Dihia» est superbement interprété par l'actrice Razika Ferhane. Cette projection a su nous transporter dans la chaleur suave d'une vie perturbée et ardue d'une jeune femme, parfois âpre, souvent passionnée et torride. Du réel, d'un quotidien sans concession, avec nul autre parti pris que celui de donner à la diversité la chance de s'exprimer. Dihia s'occupe de l'éducation de son fils en raison de l'absence du père qui s'est expatrié pour subvenir aux besoins de sa petite famille. Le rôle de l'enfant «Ameziane», interprété par Zineddine Abderrahmane est «extra». D'ailleurs, il a permis au cinéaste de donner à son récit en images, une dimension dramatique, du fait que le fils de Dihia vit mal, tout comme sa mère. Notons que le cinéaste ainsi que la boîte de production «Isser Prod» a réalisé, pour la première fois dans l'histoire du court-métrage algérien, un produit qui aurait respecté les normes universelles. Il faut admettre, selon le cinéaste M. Rachid Ben Allal, que le cinéaste a su décrire et narrer la situation difficile de la femme paysanne qui se trouve, souvent, cloîtrée à l'intérieur d'un monologue sans épilogue. Pour sa part, M. Rachid Dechemi, producteur et distributeur de cinéma, notera que ce même court-métrage sera disponible en DVD, le seul support qui existe pour le grand public. Il indique, par ailleurs, qu'il «est nécessaire de former nos jeunes à l'initiation du film court-métrage», et d'ajouter : «C'est une école». Il mettra l'accent sur la relance de la question du cinéma algérien qui s'appuie sur l'organisation des festivals, «une sorte de plateforme de diffusion». Ainsi, soit-il ! Ces journées donneront la possibilité au public algérois de découvrir, sur grand écran, des productions cinématographiques qui traitent différents thèmes. Seul hic : l'absence du public. Néanmoins, ces journées s'annoncent prometteuses dans le choix des films. Il est question aussi de renouer avec la tradition du cinéma, avec des films de qualité, des films d'auteur, mais aussi des films grand public. Pour la seconde programmation, l'assistance a suivi avec grand intérêt le documentaire de Sadia Barèche. La thématique gravite autour de l'œuvre de Taos Amrouche. Cette dernière fut l'une des premières femmes au monde à s'intéresser aux musiques et chants populaires traditionnels de son pays, à vouloir les répertorier et les transmettre, et pour cela à les chanter sur scène en Europe et à les graver sur disque. La réalisatrice s'est penchée sur les dernières années de Taos Amrouche, quand celle-ci était installée à Saint-Michel. L'Observatoire, petit village de Provence où elle est aujourd'hui enterrée. Le film repose notamment sur une série d'entretiens réalisés avec la peintre Denise Barbaroux, qui vit toujours dans ce village, et fut l'une des plus grandes amies de Taos. Sadia Barèche, tout comme Taos Amrouche, veille à valoriser le patrimoine culturel de son pays.