Le coup d'envoi a été donné par la ministre de la Culture Mme Khalida Toumi qui, après une absence de plusieurs années dans la cité des Ponts, est venue spécialement pour prendre part à l'évènement. Mme Toumi a profité de l'occasion pour rendre hommage à l'association Limma qui a, avouons-le, placé la barre très haut pour ce qui est de l'organisation. Car, en plus de la scène «Off» qui a été montée en un temps record avec ses deux tribunes, les planches de la salle Malek-Haddad ont été bien aménagées pour la réussite du spectacle, avec surtout une arrière-scène moderne et attirante par ses traits et ses jeux de lumières. Même les défauts techniques ont été corrigés, d'abord la réparation du réseau électrique qui a nécessité l'intervention d'une équipe de la Sonelgaz, puis le point noir de cette salle, l'acoustique. Il a été perfectionné par les organisateurs qui ont fait appel, là aussi, à des techniciens étrangers. Le son est de qualité, presque irréprochable. Durant son allocution, Mme Toumi a annoncé que Constantine aura sa salle de spectacles de 6.000 places, un projet qui entre dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014, a-t-elle précisé. Espérons que, cette fois-ci, la promesse sera tenue. Tout le monde se souvient que lors des précédentes éditions de Dimajazz, des officiels ont à maintes fois annoncé la réalisation de salles de spectacles qui n'ont malheureusement pas vu le jour. Côté spectacle, la soirée inaugurale a été assurée par le Malien Cheik Tidiane Seck et sa troupe. Une musique qui s'inscrit dans un registre très groove et parfaitement mélangée aux racines de la musique africaine. Aux commandes de son clavier, Tidiane est un génie du piano et du clavier, jouant tantôt des airs de l'Afrique de l'Ouest, tantôt des mélodies pop et jazz. Depuis maintenant 35 ans qu'il compose et régale les scènes du monde entier, son spectacle était tout simplement grandiose. A ses côtés on retrouve un autre virtuose de la scène jazz, pop et groove, le batteur Paco Sery qui est considéré comme l'un des plus grands batteurs au monde. Pendant plus d'une heure et demie, le groupe a aligné pas moins d'une douzaine de titres, mariant le style jazz funk à la sauce traditionnelle ivoirienne, malienne et sénégalaise. Les textes, quant à eux, sont en dialectes africains, et parlent de paix en Côte d'Ivoire, des ancêtres et de l'Afrique en général. Tidiane n'a pas cessé de communier ses sentiments au public en répétant «Vive l'Afrique» entre deux chansons. Mais le clou du spectacle était l'entrée en scène d'une troupe de «Aissaoua» locale, l'une des plus mythiques de la ville, Dar El Bahr du vieux quartier Souïka, plus connue sous le nom El Ouasfane. Les sonorités contrastées et les rythmes mélangés ont dégagé, au sein de la salle, une atmosphère bon enfant, tout le public était debout pour applaudir et danser sur les rythmes africains. Une totale réussite donc pour cette soirée jazz très africaine, qui a permis aux Constantinois de découvrir et d'apprécier ce cachet musical universel qui chante l'amour et la paix. Changement de registre le lendemain avec une soirée moins groovy, la formation espagnole Quartessence de tendance bien évidemment flamenco mais aussi de jazz. Les six musiciens dont les deux leaders Alain Richou (guitare nylon et fretless) et Didier del Aguila (basse) ont offert au public un moment agréable le batteur qui est en même temps un grand ténor lyrique mais ce qui a mis plus d'ambiance, c'est la participation d'une jeune danseuse venue, à ce qu'il paraît, d'Andalousie. Andrea Celeste, quant à elle, a subjugué les présents en deuxième partie du spectacle, par ses performances vocales, l'Italienne était accompagnée par trois musiciens, sa voix cassée a magnifiquement résonné sur la scène durant plus d'une heure.