Pressés par les Américains, le gouvernement de Khartoum et le Sud-Soudan ont signé, lundi dernier, un accord pour démilitariser la région disputée d'Abyei. Seulement, l'inquiétude demeure pour le Kordofan-sud, province que Khartoum jure de défendre bec et ongles. Les forces soudanaises ont haussé le ton en menaçant d'abattre des avions de patrouille de l'Unmis (mission des Nations unies dans le pays) qui survoleraient ce territoire. Mais l'accord en question laisse espérer, selon M. Mbeki, une fin au conflit dans cette région. L'ancien chef d'Etat sud-africain, véritable artisan de cette «entente», a indiqué que le Nord et le Sud sont disposés à engager un dialogue sur le Kordofan-sud pour y trouver une «solution politique et sûre». L'accord, qui intervient à quelques semaines de la déclaration officielle de l'indépendance du Sud Soudan, le 9 juillet, prévoit le déploiement de 4.000 Casques bleus éthiopiens, après le retrait des forces soudanaises. La réaction américaine ne s'est pas fait attendre : «l'accord signé aujourd'hui est une première étape importante», a estimé la secrétaire d'Etat Hillary Clinton dans un communiqué. «Mais le véritable test de la bonne volonté des deux camps sera l'exécution de toutes les dispositions dans les jours qui viennent», a-t-elle ajouté. Les Etats-Unis surveillent la situation de près dans la région et ont été impliqués dans plusieurs initiatives pour tenter de rassembler les deux parties. Mme Susan Rice, ambassadrice américaine à l'Onu a déclaré qu'il était important que les Casques bleus éthiopiens soient déployés aussi vite que possible à Abyei. Tout en saluant l'accord, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a invité les parties à «cesser immédiatement les hostilités» au Kordofan-sud. Le gouvernement soudanais ainsi que les représentants du Sud-Soudan se sont félicités d'une telle issue. «Nous pensons que c'est un accord durable, et que la paix triomphera, selon cette formule», a déclaré le chef négociateur du gouvernement soudanais (nordiste), Al-Dirdiri Mohammed Ahmed, soulignant que son pays était «satisfait du fait que l'accord ait tenu compte de ses principales préoccupations concernant cette région, en premier lieu qu'elle reste dans le Nord.» Pour sa part, le représentant du Sud Soudan auprès des Etats-Unis et de l'ONU, Ezekiel Lol Gatkuoth a indiqué que «Abyei n'aura plus un statut administratif spécial sous la présidence de la République du Soudan, mais sera placée sous la supervision du président du Sud-Soudan et du président de la République du Soudan.» La Chine estime de son côté que cette formule traduisait la volonté des deux parties de ramener la stabilité dans la région tout en soulignant la nécessité de mettre un terme aux violences. Mais Pékin a rejeté des critiques américaines sur une visite prévue la semaine prochaine du président soudanais Omar el-Béchir - sous le coup de deux mandats d'arrêt de la CPI - en soulignant qu'elle n'est pas tenue de l'extrader, n'étant pas membre de la Cour pénale internationale (CPI). Les 4.000 soldats éthiopiens que l'ONU veut déployer à Abyei seront l'une des plus grandes forces jamais déployées sur un si petit territoire. Actuellement, quelque 1.000 soldats de l'ONU sont à Abyei dont la superficie s'étend sur 10.000 km2.