Photo : Lylia. M. Comment lutter efficacement contre le phénomène de la toxicomanie alors que les chiffres officiels, que ce soit pour le nombre des toxicomanes ou la quantité de cannabis saisie, sont en nette progression ? Selon le docteur Benarab Abdallah, président de la Fédération nationale de lutte contre la drogue et la toxicomanie (FNLDT) (présente dans 24 wilayas et qui rassemble 270 associations) qui a animé une conférence de presse lundi après-midi, la question mérite d'être posée d'autant plus que la quantité saisie l'année dernière est de 64 tonnes, alors qu'elle était de 5,4 tonnes en 2008. Un chiffre qui confirme que «l'Algérie est devenue un pays par où transite une grande partie du cannabis marocain à destination de l'Europe». Le conférencier a également mis en garde contre les différentes politiques de lutte contre la toxicomanie du gouvernement, précisément celle de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie : «L'office créé en 2002 et qui dépend du ministère de la Justice ne fait que de la répression alors que la toxicomanie est une maladie et que les toxicomanes ont besoin d'une prise en charge. Il faut intensifier les actions de sensibilisation et de prévention, et pour le faire, nous avons proposé que l'office soit transformé en une institution qui sera gérée par quatre ministères : celui de la Santé, de la Solidarité, de l'Enseignement supérieur et enfin de l'Education nationale. Ce n'est pas normal que nos enfants n'aient pas dans leurs programmes scolaires des leçons sur la drogue et ses méfaits.» A ce titre, M. Benarab a présenté les résultats d'une enquête menée par des psychologues affiliés à la FNLDT, dans plusieurs lycées, CEM et centres de formation professionnelle de la ville des ponts. En tout, 2.553 jeunes (de 14 à 25 ans) ont été questionnés de janvier à juin 2011, et selon les conclusions tirées de cette enquête, il s'avère que 4,55% des élèves scolarisés dans les lycées et CEM ont consommé au moins une fois de la drogue alors que ceux des centres de formation sont de 7,18 %. M. Benarab a également précisé que la lutte contre la toxicomanie commence par les moyens logistiques et humains, malheureusement en Algérie, il existe seulement deux centres de soins pour les toxicomanes, l'un à Oran et l'autre à Blida. Le plus grave, selon lui, est que ces deux centres ne disposent chacun que de six lits, alors qu'en moyenne un malade doit bénéficier d'une prise en charge d'au moins trois semaines. Idem pour les centres de consultation (comme les polycliniques) où ce ne sont pas les médecins spécialistes ou les psychologues qui consultent les toxicomanes, mais bien des médecins généralistes. Concernant la propagation des psychotropes, le Dr Benarab a précisé que «ces médicaments disponibles légalement sur le marché sont la cause de la plupart des agressions et c'est pour cette raison qu'il est difficile de lutter efficacement contre leur propagation». Enfin, M. Benarab, qui a remis à la presse la charte de sa fédération, comprenant 15 recommandations, a présenté le document dernièrement lors des assises nationales du CNES à Alger.