Des passagers à bout de nerf, désemparés, ne sachant à qui se fier, un tableau d'affichage qui signale juste des «retards» dans le planning ou des agents d'Air Algérie qui s'avouent vaincus, ne pouvant donner la bonne information aux passagers. C'est le constat que l'on pouvait dresser, hier, de la situation à l'aéroport d'Alger. Des vieilles femmes assises sur leurs bagages, des enfants qui somnolent sur les bancs, une dame qui allaite son bébé à même le sol, la grève du personnel navigant commercial d'Air Algérie a causé de sérieuses perturbations aux usagers en début de vacances pour la plupart. Les agents chargés de l'orientation des passagers jouent le jeu. Les filles sont cool, elles donnent des indications sur les vols attendus tout en vous gratifiant de ce refrain usé «désolé, c'est notre personnel qui a débrayé». Sur le panneau d'affichage, on fait tout pour ne pas exacerber davantage la colère des passagers qui ne savent pas quand ils embarqueront réellement. Quelques annulations sont signalées sur Tripoli ( ?) Moscou, et c'est tout. Le reste cer sont des «retards». Des liaisons sur Paris Charles de Gaule, Londres ont tout de même été assurées. Ce qui donne de l'espoir. Mais les longues processions qui se forment autour des guichets d'enregistrement nous édifient sur de sérieux problèmes. La file de passagers en partance pour Montréal s'étire sur plus de 40 m. Les gens sont épuisés et espèrent qu'ils pourront embarquer immédiatement. «On nous l'a promis», dit une mère de famille qui a tenu à raccompagner ses nièces de retour au Canada. «Je ne pourrais revenir demain», renchérit-elle. Près d'un autre hall d'embarquement, d'autres passagers attendent le feu vert pour l'enregistrement, en prévision des vols sur Paris, Marseille, Lyon, Barcelone. La tension est perceptible. Certains disent qu'ils sont là depuis 6 h du matin, d'autres depuis hier. «Nous avons été pris au dépourvu», s'indigne un passager qui attend depuis lundi son vol pour Lyon. D'autres, prenant leur mal en patience, hésitent de faire le moindre commentaire, éreintés par une longue nuit d'attente. C'est un grand dépit pour d'autres. «J'aurai dû prendre une autre compagnie, au moins, sur le plan de la prise en charge, il y a de la consolation», avoue un jeune qui voulait regagner Barcelone. Le mouvement de grève ne touche que les vols d'Air Algérie. Ceux de Tunis Air, Qatar Air Ways n'ont pas l'impression de sentir cette pression. De jeunes volleyeuses tunisiennes qui avaient joué un tournoi en Algérie étaient en train d'embarquer. Des travailleurs philippins en partance pour leur pays, via Doha aussi … Ce n'est pas le cas de cet Algérien qui a réservé pourtant sur Aigle Azur pour Lyon. Il est là, à midi alors que son vol est à…20 h. «On ne sait jamais», dit-il. Les employés d'Air Algérie continuent de calmer les esprits en surchauffe comme ils peuvent, à défaut de ne pouvoir leur assurer d'une manière ferme leur hypothétique embarquement. Certains sont orientés vers d'autres compagnies comme Air France, Alitalia, Aigle Azur, Ibéria et ce, pour atténuer les conséquences dramatiques de ces perturbations sur la clientèle en majorité des hommes d'affaires, des étudiants ou des émigrés en vacances. «Ils nous ont proposé de trouver une place sur d'autres compagnies et c'est à Air Algérie de payer». Mais ce n'est pas évident, ces compagnies sont aussitôt dépassées. Elles décident d'afficher «guichet fermé» non sans continuer à traiter leur propre clientèle.Aux dernières nouvelles, on apprend que 37 passagers en partance pour Barcelone ont pu avoir le ticket d'accès sur Iberia, cela crée cependant des mécontents parmi ceux qui restent en attente. Des vols sont annoncés, on commence les enregistrements, mais là encore, la cohue risque de prendre le dessus. Les retards s'accumulent… Tout un écheveau à démêler.
