Photo : Sahel Par Samir Azzoug Le mouvement de contestation opéré, hier, par le personnel navigant commercial (PNC) d'Air Algérie a quasiment gelé l'aéroport d'Alger. En pleine saison estivale, et alors que l'entreprise nationale connaît des mutations importantes (quelques semaines après l'installation d'un nouveau P-DG), les tableaux d'affichage annonçaient le report de la quasi-totalité des vols de la compagnie. Les voyageurs pris au dépourvu, malgré l'annonce faite dimanche dernier par la direction d'Air Algérie sur d'éventuelles perturbations, commençaient à perdre patience. Amassés dans le hall, assis dans les salles d'attente ou prenant d'assaut les guichets d'enregistrement, les traits de visage tirés dénotent d'un harassement contrôlé. La journée suffocante d'hier a contribué à l'échauffement des esprits lorsque plusieurs voyageurs s'en sont pris verbalement à un agent de sécurité de la compagnie devant les guichets d'embarquement : «Ce que vous faites est une honte. Vous nous avez pris en otage. On veut parler à vos responsables. Je suis ici depuis 4 heures du matin, il est 13h et rien n'est encore clair», peste un quadragénaire qui a l'approbation de la foule. «Pourquoi les autres compagnies travaillent normalement ? Mais ce n'est pas de votre faute. La bêtise, c'est nous qui l'avions faite en achetant un billet d'Air Algérie. Une autre compagnie nous aurait accueillis à bras ouverts et déroulé le tapis rouge», poursuit-il. Une personne d'un âge avancé intervient : «Il n'y a même pas assez de chaises pour nous asseoir. On ne nous a même pas offert une bouteille d'eau pour nous désaltérer. Pourtant, les billets qu'on a achetés ne sont pas donnés». Plusieurs autres voix s'élèvent pour demander remboursement. Debout face aux tableaux d'affichage, les voyageurs sont à l'affût des dernières informations. «Il paraît qu'ils sont en négociation depuis ce matin. Rien n'est encore réglé», renseigne un individu qui semble bien au fait du déroulement de la grève. «Qu'on nous dise que tous les vols sont annulés et on revient demain. Mais rester comme ça, en ignorant si la situation va se débloquer ou pas, est vraiment usant», déplore un père de famille qui a installé ses enfants dans un chariot à bagages. C'est la seconde fois en moins d'un mois que le personnel navigant commercial d'Air Algérie (hôtesses, stewards et personnel de bord) organise une grève gelant presque totalement l'activité de la compagnie. La dernière a eu pour conséquence le remplacement de Abdelouahid Bouabdallah par le nouveau P-DG, Mohamed Salah Boultif. Ce dernier en animant une conférence de presse, le 5 juillet dernier, avait pourtant assuré que le problème social soulevé par le syndicat du personnel navigant commercial était une priorité de l'entreprise et informé que deux commissions dédiées à la rémunération et au régime du travail étaient déjà «à pied d'œuvre pour arriver à une solution du différend social». Le syndicat des PNC, de son côté, a qualifié d'«échec» les négociations salariales avec l'employeur. «On est conscient que le nouveau directeur a parlé d'un échéancier de six mois pour le déroulement des négociations, mais il y a des parties à l'intérieur de la compagnie qui bloquent le processus», regrette M. Boukerdous, chef de cabine principal. «Qu'on dissocie d'abord le personnel navigant du personnel au sol. Qu'on nous garantisse des conditions de travail respectables et on verra après», poursuit-il en annonçant que tous les PNC n'ont pas participé à ce mouvement de grève puisque quelques avions ont décollé ce matin d'Alger et de Tlemcen. Dans la liste des revendications du syndicat du personnel navigant, il est question de revalorisation salariale, d'amélioration des conditions socioprofessionnelles, du respect des accords collectifs sur le régime du travail ainsi que de la création d'une direction chargée du PNC au sein d'Air Algérie.