Photo : Lylia. M. L'Etat veut mettre de l'ordre dans le transport en commun. Le ministre des Transports, Amar Tou, a indiqué lundi à Alger qu'un texte est actuellement en préparation par le gouvernement pour réguler le secteur du transport en commun, notamment à travers la création d'autorités organisatrices du transport urbain. Et ce n'est pas tout : un autre décret fixant les obligations et les devoirs des chauffeurs de taxi a été élaboré par le ministère pour, aussi, mettre de l'ordre dans ce segment du transport urbain désorganisé. Amar Tou a, en outre, souligné que l'Etat a préparé un plan pour imposer le remplacement de la flotte du transport urbain vétuste. Ces déclarations ne sont pas sans faire réagir les professionnels du secteur. Hocine Aït-Braham, président du Comité national des chauffeurs de taxi, organisation affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algérien (UGCAA), a indiqué que son organisation est d'accord sur le principe de cette réorganisation. «Le temps est venu pour remettre de l'ordre dans ce secteur», estime-t-il. Cependant, pour lui, une telle entreprise ne doit pas se faire d'une manière unilatérale. «On a l'impression que le ministre fait cavalier seul alors que le bon sens aurait été de prendre attache avec les professionnels du secteur afin de diagnostiquer le mal et lui porter le remède qu'il lui faut», explique-t-il. Aussi, il précise que les chauffeurs des taxis font face à l'épineuse question de licence qui met en péril le devenir de la corporation dont certains membres sont aujourd'hui au chômage faute de ce document. Sinon, Hocine Ait-Braham n'est point inquiet quant au plan imposant le remplacement de la flotte du transport urbain vétuste, comme l'a déclaré le premier responsable en charge de secteur et qui va être mis en œuvre dans 3 ans. Selon lui, cette décision est la bienvenue à condition de faciliter au chauffeur de taxi l'accès au crédit bancaire. De son côté, Abdelkader Boucherit, président de la Fédération nationale des transporteurs des voyageurs et marchandises, abonde dans le même sens, indiquant que la situation actuellement n'est guère reluisante. Le transport urbain est livré, selon lui, à une l'anarchie sans précédents : plan de circulation caduc, prestations de service quasi inexistantes, anarchie dans la distribution des lignes… «et tutti quanti». Pour y remédier, M. Boucherit revendique la mise en place d'un nouveau plan de circulation qui prendra en charge la nouvelle donne après la mise en service du tramway et bientôt du métro d'Alger. Sur le remplacement des bus de transports vétustes, Abdelkader Boucherit se dit pour cette idée «pour peu qu'on trouve les meilleurs mécanismes à même de permettre aux transporteurs de remplacer leur bus», opine-t-il. Toujours sur cette question, le président de la Fédération nationale des transporteurs des voyageurs et marchandises précise que c'est le contrôle technique qui déterminera la vétusté ou pas du parc roulant. En tout état de cause, les transporteurs par la voix de leur représentant estiment que le secteur doit retrouver son organisation par un véritable plan de circulation qui fait défaut aujourd'hui. Sur le principe, les transporteurs se disaient soulagés par le plan de Amar Tou tout en réclamant d'être consultés en leur qualité de premiers concernés afin d'éviter toute incompréhension à l'avenir.