Une requête a été transmise au chef de l'Etat pour indemniser les ex-détenus du Sud. L'image de l'Algérie, les droits de l'homme, l'état d'urgence, les disparus... ont été entre autres questions, abordées par l'orateur. Cependant, avant de démêler l'écheveau que constitue l‘affaire des ex-détenus du Sud, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh), a appelé, hier, les organisations internationales non gouvernementales (ONG) à présenter leurs excuses «officielles» à l'Algérie pour le «préjudice» qu'elles lui ont causé durant les années 1990. «Je souhaite qu'elles présentent leurs excuses officielles à l'Algérie, parce qu'elles ont terni son image de marque», a déclaré Farouk Ksentini. Sans les nommer, Farouk Ksentini visait, implicitement, Amnesty international et Human Right Watch. Mettant à profit son passage sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, à l'occasion du 58e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, Farouk Ksentini a souligné que ces ONG se sont trompées dans leur appréciation sur ce qui se passait en Algérie. «Ces ONG avaient pris fait et cause contre l'Etat algérien en considérant à tort que les terroristes qui avaient pris les armes contre l'Etat algérien et les civils étaient des démocrates qui faisaient de la résistance armée», a souligné le président de la Cncppdh, qui a ajouté que «ces ONG se sont rendues compte un peu trop tard, qu'il s'agissait, en fait, de terroristes qui ont pris les armes contre le peuple et l'Etat», mais après avoir porté «volontairement une appréciation erronée». Revenant sur le sujet de l'émission, Farouk Ksentini a, longuement, salué les efforts accomplis en matière de droits de l'homme. Cependant, pragmatique, Ksentini a reconnu que la situation des droits de l'homme n'est jamais «définitive». En filigrane, l'avocat sous-entend, implicitement, qu'en matière de droits de l'homme beaucoup reste à faire. Néanmoins, le président de la Cncppdh qualifie, dans ce contexte, l'Algérie de pays «émergeant» dans le domaine des droits de l'homme. Abordant l'état d'urgence et sa relation avec les droits de l'homme, Ksentini a réfuté la thèse qui consiste à dire que le maintien de l'état d'urgence entraverait l'exercice des libertés. «En dehors des marches soumises à une autorisation préalable, qui obéit dans les faits à des considérations sécuritaires, les libertés fondamentales sont globalement respectées», a-t-il déclaré. Ses pensées à peine voilées, laissent à penser qu'il est partisan du maintien de cette mesure d'exception. Pour étayer son argumentaire, il rappelle les attributions des walis, garanties par l'état d'urgence, qui leur confèrent le droit de procéder à l'arrestation ou à l'internement des individus pour de simples soupçons. «Depuis 1992, aucun wali n'a eu à recourir à l'application de ce genre de procédures» a-t-il encore indiqué. Dans le même ordre d'idées, et à propos des ex-internés du Sud, Farouk Ksentini a révélé que ces personnes ont subi «des préjudices», et qu'il est légitime de les indemniser. D'ailleurs, «une requête dans ce sens a été transmise au président de la République», a-t-il rappelé. Toujours dans le registre des victimes de la décennie noire, Farouk Ksentini a indiqué que son instance avait recensé 200 enfants, issus de mariages contractés entre terroristes «qui ont été tous validés par la justice». Aussi, l'invité de la Radio nationale a rappelé, sur ce sujet, que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale renferme une disposition conférant, au président de la République, la latitude de prendre des décisions quant aux cas non-prévus par cette loi. «Le président prendra, certainement, des décisions en faveur de cette catégorie», a-t-il précisé.