Sujet d'actualité à l'échelle internationale, l'insurrection des peuples arabes a été au cœur d'un débat animé au centre culturel Azzedine-Medjoubi à Alger, par le docteur d'Etat en sciences politiques, Ahmed Adimi et le docteur Smaïl Harithi. Organisée à l'initiative du centre des études et recherches stratégiques Amel El Ouma, cette rencontre a permis aux deux intervenants de mettre l'accent sur les raisons du printemps démocratique arabe. Selon Dr Adimi, les événements ayant secoué la Tunisie, l'Egypte, le Soudan, le Yémen, la Syrie et la Libye sont les conséquences de longues décennies d'oppression et d'abus de pouvoir. «L'œuvre des jeunes Tunisiens et Egyptiens est inachevée. La chute des présidents des deux pays ne signifie pas pour autant celle de leur régime», dira le conférencier. Loin de devenir une révolution, en l'absence d'une stratégie en mesure de changer la donne à tous les niveaux, le mouvement de ces jeunes, qui constituent la majorité de leurs populations respectives, n'est en fait qu'une émeute, imposant un changement formel. «C'est l'ère des foules arabes», a-t-il souligné. De l'avis du politologue, le changement aurait été profond si les initiateurs de la révolte avaient eu un commandement ou une idéologie. «Les présidents tunisien et égyptien ont certes quitté le pouvoir, mais leurs régimes sont encore en vigueur», a-t-il souligné, citant le cas de la Tunisie. «Un pays constitué de 60% de jeunes gouverné par une équipe dirigeante ayant vécu et servi l'ère de Bourguiba», a souligné Dr Adimi estimant que la majorité des pays arabes est dirigéé par des octogénaires, alors que l'édification d'un Etat fort et moderne nécessite la mobilisation de toutes les forces à la hauteur de cette aspiration. L'ALGERIE, «UN CAS DIFFERENT» Evoquant le cas de l'Algérie, le conférencier a souligné qu'il est tout à fait différent des pays arabes. Les 9000 mouvements de contestations enregistrés entre juillet 2010 et juillet 2011 interpellent les hautes instances à tenir compte des préoccupations des contestataires. «Contrairement aux peuples arabes, les Algériens sont des citoyens et non des sujets», a-t-il noté. Dr Adimi relève l'absence sur le terrain et durant toute cette période, des 80.000 associations représentant la société civile et celle des partis politiques. Pour y remédier, il plaide pour la mise en place de mesures concrètes. «Le citoyen n'a nullement besoin de textes de loi. Il espère voir des hommes à la hauteur de ses aspirations», a-t-il souligné. Il insiste sur la lutte contre la corruption et l'incompétence qui est aux commandes. «Il faut changer les hommes surtout ceux ayant échoué dans leurs missions. L'intérêt du pays est en jeu», a-t-il indiqué estimant qu'il est inconcevable de construire l'Algérie d'aujourd'hui avec des mentalités archaïques.