Après la période du terrorisme, le pays allait être mis sur le chemin de la démocratie et de la modernité, cela n'a pas été le cas. A la salle de conférences du quotidien gouvernemental Echaâb, empruntée à l'occasion par le tout nouveau centre d'études stratégiques Amel El Ouma, il a été question hier du «changement (en Algérie) et ses priorités». Le débat a été animé par Ahmed Adimi, docteur d'Etat en sciences politiques. Cet enseignant universitaire pense que le pays est en pleine stagnation. Faite «de blocages, de marginalisation et d'exclusion, du retour du régionalisme, cette situation est, selon lui, dangereuse pour l'Algérie». D'aucuns espéraient qu'après la période du terrorisme, le pays allait être mis sur le chemin de la démocratie et de la modernité, cela n'a pas été le cas. Au contraire, dit-il, nous avons assisté à l'amplification du phénomène de la corruption – c'est l'incompétence qui est aux commandes – et c'est l'allégeance qui préside au recrutement des agents de l'Etat à tous les niveaux de responsabilité. «Si vous ne changez pas, ils vont vous changer», tranchera docteur Adimi qui plaide pour un changement pacifique. «Si on ne le fait pas, il nous sera imposé», dira l'enseignent universitaire et ancien officier supérieur de l'ANP. Quoi changer ? Le conférencier n'y va pas par quatre chemins: les hommes. Il y va de l'intérêt du pays, lancera docteur Adimi qui affirme qu'on ne peut pas construire l'Algérie d'aujourd'hui avec les mentalités de 1962, ou celles de 1990. Comment préconise-t-il ce changement ? L'invité du centre d'études stratégiques Amel El Ouma parle «de la révision de la Constitution avec le retour à la limitation des mandats présidentiels – la révision de la Constitution a été une erreur –, l'instauration d'un régime parlementaire, la séparation des pouvoirs, la levée de toutes les entraves qui empêchent la promotion de la pratique politique dans le pays». Pas seulement, l'ancien officier supérieur de l'Armée populaire nationale insiste sur l'ouverture du champ de l'audiovisuel. Relevant l'urgence de libérer l'expression, en évoquant l'exemple de la chaîne qatarie Al Jazeera, Ahmed Adimi soutient que la fermeture de l'audiovisuel est «une menace pour la sécurité nationale». «Il faut que la liberté soit la valeur cardinale de tout processus de changement», estime l'enseignant universitaire qui milite aussi pour des réformes radicales de l'école algérienne. En effet, le conférencier ne pense pas que ceux qui président aujourd'hui aux destinées du pays soient «capables de proposer un changement». Ce sont eux les responsables de l'échec, laisse-t-il entendre, avant d'ajouter que «l'homme providentiel n'existe plus». L'ancien officier supérieur de l'ANP déconseille «la politique des replâtrages» et espère que le 5 juillet prochain sera «l'occasion de la naissance de la deuxième République algérienne».