Les dirigeants algériens doivent être remplacés afin de permettre l'instauration d'un pays démocratique et éviter par la même occasion de tomber dans le chaos de certains pays arabes, ont estimé hier des analystes algériens. La conférence intitulée «Le printemps démocratique arabe : résultats et défis», organisée au centre culturel Azzedine-Medjoubi, se voulait un moment de réflexion sur ce qui a ébranlé les pays arabes, depuis la révolution de la Tunisie, le 14 janvier 2011, suivie par l'Egypte, la Syrie, la Libye, jusqu'à aujourd'hui, où la situation reste inquiétante dans ces pays. Le Pr Ahmed Adimi, enseignant à la Faculté des sciences politiques à l'université d'Alger, a avancé que les 9000 mouvements de contestation enregistrés dernièrement expriment un message clair, qui est «pouvoir, dégage». Il a indiqué que contrairement à ce qui caractérise la scène arabe, les Algériens ont préféré se mobiliser d'une manière totalement différente afin d'exprimer leur espoir de l'instauration d'un pays démocratique et protéger l'union nationale. Il a critiqué l'absence des partis politiques et des 8000 associations sur le terrain. Selon lui, ces associations et ces partis politiques qui dépensent l'argent du peuple doivent être dissoutes». Les contestations recensées sont un appel fort, explique-t-il, de la jeunesse pragmatique, pour un changement de la classe politique qui a laissé la propagation de la corruption. Le Pr Adimi a estimé que ce changent est plus qu'indispensable, afin d'éviter une révolution qui peut s'avérer tragique. Il prend l'exemple des pays arabes ayant déjà traversé l'expérience du printemps démocratique. Il a cité l'exemple de la Tunisie, de l'Egypte… Il a regretté, dans ce cadre, que les révolutions vécues dans ces deux derniers pays ne leur aient pas assuré une transition favorable. Il explique qu'outre l'insécurité qui règne dans ces pays, les personnes qui les dirigent actuellement sont des pro- présidents déchus Ben Ali et Moubarak. Il a rappelé que jusqu'à aujourd'hui, les trésors de ces deux pays détournés par leurs dirigeants n'ont pas été récupérés et les responsables du massacre de centaines de manifestants n'ont pas été jugés. M. Adimi, également colonel de l'ANP, est revenu également sur le cas de la Libye, où la situation s'aggrave de plus en plus et le nombre de victimes augmente de jour en jour. Selon lui, le président Kadhafi a donné l'occasion aux américains et aux européens d'accéder aux pays du Maghreb afin de contrôler la région et défendre leurs intérêts et les intérêts des juifs. Pour sa part, l'autre conférencier, le Pr Ismaïl Hariti, président du centre Amel el Oumma (espoir de la nation) d'études et de recherches stratégiques, a précisé que le peuple algérien a besoin d'un changement radical qui se base sur la liberté et la justice. Il a dressé un tableau peu reluisant de la situation démocratique dans les pays arabes détenus par des dictateurs, des rois ou des républicains totalitaires avec une dose de monarchie. Le centre Amel El-Ouma est une institution indépendante de recherche qui se donne pour mission d'approfondir la recherche scientifique afin de contribuer à la sensibilisation de la nation quant à ses causes intellectuelles de dimension politique, sociale, économique pour avoir une vision future.