Pressé par les Etats-Unis de geler la colonisation en Cisjordanie, dénoncée comme un «violeur» des droits des Palestiniens par le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies, Benyamin Netanyahu s'offre une parade qui pourrait mettre le Proche-Orient en feu et «irriter» plus d'un milliard de musulmans : il déploie des milliers de policiers à al Qods-Est pour «surveiller» les «alentours» de l'Esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l'Islam après La Mecque et Médine. Ils ont reçu l'ordre de limiter l'accès à l'Esplanade qui abrite les mosquées al Aqsa et du Dôme du Rocher. Seuls les musulmans israéliens ou résidents d'al Qods et âgés de plus de 50 ans seront autorisés à y prier. Les juifs et les chrétiens ont été interdits de visite. Le cheïkh Azam al-Khatib, le président de l'Office des biens musulmans (Waqf) et le chargé des lieux saints, dénonce ces restrictions créées par des «extrémistes juifs qui provoquent les croyants musulmans en venant prier sur l'Esplanade et ne cachent pas leur ambition d'en chasser les musulmans pour construire un temple». La police justifie son déploiement par sa «crainte de nouveaux troubles» après les appels à manifester lancés par des dirigeants arabes-israéliens, notamment le «mouvement islamique» de Kamal Khatib, pour sauvegarder l'Esplanade des Mosquées des colons extrémistes juifs décidés à l'envahir «collectivement» et à «construire» des tunnels pour provoquer l'effondrement d'al Aqsa Cette violence, qui révoltait les musulmans, irrite de plus en plus les chrétiens. «Aujourd'hui, c'est al Aqsa, demain ce sera l'église du Saint-Sépulcre», déclare l'archevêque Atallah Hanna, l'un des plus hauts membres du clergé à al Qods, dénonçant «l'occupation israélienne qui n'épargne personne». Vraies ou fausses, des rumeurs similaires ont débouché sur des émeutes meurtrières par le passé. Une visite - perçue comme provocatrice - d'Ariel Sharon sur la même Esplanade a déclenché la seconde Intifada, le 28 septembre 2000. A Ramallah, Mahmoud Abbas, qui est au mal au point depuis et qui redoute l'impact de l'appel de Hamas à «relancer l'Intifada», exhorte la communauté internationale à «porter la question de la mosquée al Aqsa devant le Conseil de sécurité». A Amman, l'ambassadeur d'Israël s'est vu remettre par la Jordanie la tutelle sur les lieux saints musulmans, une lettre de protestation réclamant l'arrêt immédiat des violations répétées dans al Qods-Est occupée et sur le site de la mosquée al Aqsa. La 35e session de la conférence de l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) qui se déroulera à Paris du 6 au 23 octobre 2009 se penchera-t-elle sur al Qods où les actions de pillage, les expulsions et les démolitions se poursuivent pour «judaïser» la ville et son identité ? Gageons que le représentant de l'Autorité palestinienne à Paris ne suivra pas l'exemple de son «homologue» à Genève qui a suivi à la lettre la décision de Mahmoud Abbas de demander un report du vote sur le rapport de Richard Goldstone au Conseil des droits de l'homme de l'ONU à mars 2010. Un rapport qui aurait rendu les renoncements des responsables israéliens à se rendre à l'étranger plus nombreux et dont la non-adoption pourrait renvoyer aux calendes grecques l'accord de réconciliation entre le Fatah, le Hamas et 11 autres factions palestiniennes qui devrait être signé le 22 octobre au Caire.