Netanyahu - Obama Après une semaine de tractations au Proche-Orient, George Mitchell regagne Washington les mains vides. Il n'a pas pu obtenir un accord sur un gel de la colonisation juive en Cisjordanie et une reprise du dialogue israélo-palestinien rompu en décembre lors de l'offensive de Tsahal dans la bande de Ghaza. Benyamin Netanyahu qui a rencontré trois fois en quatre jours l'émissaire du président, refuse le gel de la colonisation, réclamé par les Etats-Unis, les Européens, les pays arabes et l'Autorité palestinienne qui espère arracher, à quelques enjambées des élections générales dans les territoires occupés, un accord de principe sur la création dans deux ans d'un Etat palestinien. « La construction continue et continuera », répète à qui veut l'entendre le Premier ministre israélien. « Il n'y a ni entente avec les Israéliens ni accord quelconque ou intermédiaire », reconnaît Saeb Erakat, le principal négociateur palestinien. Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne, qui a rencontré par deux fois l'émissaire du président américain, refuse de faire d'autres concessions. « Il n'y aura ni reprise du dialogue ni participation à la rencontre trilatérale entre le président Barack Obama et les dirigeants israéliens et palestiniens à New York, en marge de l'ONU la semaine prochaine, avant le gel total de la colonisation, conformément à la feuille de route adoptée en 2003 », dit-il jugeant cette rencontre de « dénuée de sens ». Propos que Susan Rice, l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, confirme à demi-mots en affirmant ne pas être en mesure d'annoncer cette rencontre. Concession majeure que le gouvernement de droite israélien pourrait faire : possibilité de suspendre les constructions dans les implantations et les chantiers d'el Qods pendant « six mois, peut-être neuf mois » si les Américains font pression sur les responsables arabes pour normaliser leurs relations avec l'Etat hébreu. Dans un premier temps, sur le Qatar, Oman, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie et dans un second temps sur les autres pays pour les amener à oublier leur appel à un retrait total israélien de «tous les territoires de 1967» comme mentionné dans le plan de paix arabe adopté en 2002 à Beyrouth ! Barack Obama, qui a tendu la main au monde arabe et musulman et fait du Proche-Orient l'une de ses priorités diplomatiques, optera-t-il pour une ton plus intransigeant avec Benyamin Netanyahu qui pourrait provoquer des égislatives anticipées en Israël ? Selon plusieurs analystes, le président américain, qui doit dévoiler le 23 septembre aux Nations unies les grandes lignes de son initiative de paix pour la région, soit la veille de la réunion du quatuor qui estime que la situation au Moyen-Orient est «à une étape critique», ne peut que travailler pour l'après-Netanyahu, maintenant qu'il est privé de tout argument de poids pour demander aux Arabes de consentir à faire des «sacrifices» pour la paix. Ira-t-il jusqu'à demander à l'enfant gâté de l'Occident de prendre ses responsabilités envers la paix et de cesser de chercher à gagner du temps ? Il y va de la paix dans la région et dans le monde si Israël poursuit la colonisation tout en prétendant espérer la paix.