Pugiliste amateur de talent issu de l'école algérienne du noble art des premières années de l'indépendance. Il a fait un long parcours vers la consécration. Ils était très efficace et combattait avec un cœur vaillant et une correction exemplaire. Aujourd'hui, le visage marqué par l'épreuve et le défi, il revient sur l'actualité du ring qui a tant fait chavirer le cœur des Algériens. Sur les traces de Bob Omar, Kouidri et d'autres artistes pugilistes, le swing était son tempo pour exécuter un jeu de jambes à la Ray Sugar Robinson. A mi-chemin des grands moments du Madison Square Garden, ce poulain du vieil Alger avait porté la révolte sur l'arène, tel un valeureux gladiateur de la liberté. Après Cherif Hamia, nous voilà face à un homme sorti tout droit du mythe cinématographique du New Jersey. Marqué par la haine de n'avoir pu accéder sur le podium mondial, Abderrahmane Belhouari sort de ses gonds pour laisser parler ses poings qui tant fait résonner le gong. A vingt ans, il était déjà de la trempe des champions. Dans le quartier de Belcourt où il naquit, le défunt Bouafia Brahim, son ancien manager, le prend en charge pour le propulser dans le critérium des as où il excella avec brio. Dans sa catégorie des poids moyens, «Bebel», comme on aimait à l'appeler, rien n'arrêtait sa fougue. Volant de victoire en victoire, il intègre l'équipe nationale pour aller se mesurer aux redoutables boxeurs allemands. Une ascension fulgurante qui le propulsa audevant la scène. Le pugilat algérien venait de découvrir un cogneur de charme, un baby-face sans entorse aucune. Une tête d'affiche qui souleva une clameur au rythme d'un décembre 1960. Un euphémisme que la légende a remis sur le tapis après le fameux combat Maxschmilling-Joe Louis devant le Führer. Dahmane était de cette race de boxeurs qui porta haut et fort les couleurs nationales. Face au terrible Allemand Broesk, malgré un solide uppercut au plexus, Bebel retient son souffle pour rebondir avec un superbe «Jab» sur le menton de son adversaire. Un combat titanesque qui met Belhouari sous les feux de la rampe. L'histoire retrouve matière à inscrire la boxe algérienne dans les olympes. Le tout premier championnat maghrébin en 1965, Belhouari en sort avec la palme de champion, sous le regard amusé de l'ancien président de la République Ahmed Ben Bella venu féliciter cette nouvelle étoile naissante. Tant d'années ont passé sur ce superbe chapitre de la boxe. Abderrahamne Belhouari, soixante-cinq berges sonnantes, tient toujours à son jeu de jambes. Sa garde anglaise, la tête enroulé sur les épaules, il prend Cerdan comme exemple pour revivre une scène avec Graziano. Bebel devient aussitôt un Raging Bull pour envoyer son adversaire au tapis. Une symphonie inachevée qui brisa le rêve de ce jeune poulain. L'ingratitude était là au coin du ring pour lui denier reconnaissance pour services rendu à la boxe algérienne. La culture de l'oubli a fait son chemin. Le toujours dynamique boxeur Abderrahmane Belhouari reprend le chemin du souvenir pour crier haut et fort son indignation face à l'indifférence. Le dernier des gladiateurs attend toujours preneur pour encadrer les jeunes poulains du noble art. Une réhabilitation qui vaut par la valeur intrinsèque de Abderrahamne Belhouari, l'enfant de Belcourt, toujurs prêt à servir son pays.