S'aventurer sur les sentiers sinueux de la poésie, dans un pays, le notre, où ce genre roi de la littérature passe quasiment pour un sacrilège, c'est le défi que s'est juré de lancer Abderahmane Amalou qui vient d'éditer, toujours chez Nounou éditions, le coffret complet de son premier recueil de poésie libre,'' Les mots, les maux'', publié, rappelle-t-on, le 04 juillet dernier, soit à la veille de la deuxième édition du Festival Panafricain d'Alger. Si la presse a réservé grandes ses pages à son premier opus, Abderahmane Amalou entend glaner le même succès pour la version anglaise qui vient tout juste d'être éditée, avec, en sus, une étude de l'œuvre, en deux versions, anglaise et française, intitulée A Study and Through on «Les mots, les maux». Habile manière pour appréhender une poésie qui se veut porteuse d'un idéal social. Une poésie aux relents critiques, sculptée avec beaucoup d'élégance par ce poète qui puise soigneusement dans les mots, pour guérir les maux de l'homme, de la société. Ainsi, le lit-on tantôt rouspéteur contre le mensonge généralisé, tantôt fourvoyé dans l'alcôve invisible de l'intellectuel solitaire à qui on a mis des sourdines. Inutile de faire part ici de tout ce que peut susciter en nous la charge émotionnelle contenue dans chaque mot, dans chaque rime. Cela risque peut-être d'altérer une écriture, qui se veut surprenante à la fois par son esthétique que par sa sobriété. Sobre, le poète s'en revendique à tue-tête. Pas question pour lui de faire dans la dentelle ou dans le verbiage noueux et soporifique. Ça ne sert absolument à rien, sachant de surcroît, un lectorat, ou un probable lectorat, très peu porté sur la poésie. «J'ai usé d'un style simple pour que ma poésie soit accessible aux larges couches» explique-t-il. On ne peut par ailleurs s'empêcher de porter chapeau bas à Nora Ladjal, cette intrépide éditrice qui puise courageusement, et de quelle manière ! Dans un domaine pas seulement fui, mais pestiféré par la grande majorité des maisons d'éditions algériennes, fussent-elles les plus cossues financièrement dont le souci à la poésie n'a jamais dépassé le stade du vocable. Pour la petite bio du poète, reprenant à notre compte celle publiée dans le recueil et qui présente Abderahmane Amalou, comme le deuxième fils d'un commerçant natif d'Ighil Iazouzen, dans Azeffoun, la ville d'Issiakhem, d'El Anka et on en passe. Tout en poursuivant ses études, l'auteur a composé, interprété et publié aux éditions D.D.A quatre chansonnettes en langue berbère. Certains de ses poèmes et musiques inédites- parce qu'il faut savoir que le gars est un excellent musicien, et un acteur très engagé dans l'activité culturelle- ont été chantés par entre autres Nait Kaci Sid Ali ou encore Sadek El Moghrabi. Pour la énième bonne nouvelle, le poète nous apprend la traduction prochaine en Tamazight et en allemand de sa première œuvre littéraire. Dire que c'est la première… Les mots, les maux (Coffret comprenant la version anglaise du recueil poétique ainsi qu'une étude sur l'œuvre) d'Abderahmane Amalou. Nounou éditions Prix public. 1000 DA