L'annonce faite, récemment, par Abdallah Djaballah de créer un nouveau parti semble ne pas inquiéter les formations politiques d'obédience islamiste. Ni Ennahda ni El Islah, dont il a été le fondateur, ne semblent craindre ce nouveau-né dans le paysage islamiste. Fatah Rebei, secrétaire général du mouvement Ennahdha, dit ne pas se soucier après cette annonce. Mieux, il affirme être partisan du multipartisme et de la création de nouvelles formations, capables d'enrichir le paysage politique national. «Nous ne sommes pas inquiets, à plus forte raison que notre parti est pour le multipartisme», réplique-t-il. Même appréciation du côté d'El Islah. Hamlaoui Akouchi, le nouveau secrétaire général de cette formation politique, soutient qu'il «n'a pas peur de cette annonce», du fait que les militants du parti sont conscients et ont, en plus, une conviction politique que rien n'ébranle. Dans le même sillage, le premier responsable du parti d'El Islah affirme ne pas craindre de voir sa formation politique vidée de ses militants, en dépit du charisme dont jouit M. Djaballah. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) semble ne pas accorder autant d'importance aux déclarations de Djaballah. Explication. «Notre pays vit dans une démocratie, et la création de nouveaux partis de mouvance islamiste ou autre ne nous pose aucun problème», affirme Mohamed Djemaa, chargé de communication du parti. Les affirmations du responsable de la communication du parti de Soltani cachent à peine le malaise qui s'est emparé de l'ensemble de la mouvance islamiste après cette annonce. La preuve, plus nuancé, M. Djemaa soutient qu'en lui-même, l'effritement de la mouvance islamiste modérée pose problème, même s'il précise que «nous avons toujours demandé à ce que les procédures de création de nouveaux partis politiques soient facilitées». Et d'ajouter : «Cette situation interpelle la mouvance islamiste en général, car il existe, sur la scène politique nationale, plus de cinq partis islamistes issus de la même école». Abdallah Djaballah a annoncé, convient-il de rappeler, la création d'un nouveau parti politique (le Front pour la justice et le développement), «un parti d'opposition constructive sans recourir à la violence pour accéder au pouvoir». Selon son créateur, cette formation politique «sera ouverte à tous les Algériens, en priorité les islamistes» à qui il recommande de se constituer en front commun. L'aura du cheikh, qui annonce la création d'un parti à la veille d'importantes échéances électorales, risque de changer la donne, mais aussi, et surtout, rafler les voix des électeurs et des sympathisants de la mouvance islamiste.