Plus connu dans la littérature arabe sous le nom d'al-Qurachi, il faisait autorité dans les domaines de la jurisprudence, de la logique, de la théologie ainsi que dans les écrits médicaux. Ibn al-Nafis naquit vers 1213 dans les environs de Damas en Syrie. Il apprit la médecine auprès de Dakhour, médecin-chef de l'hôpital al-Nouri, ainsi qu'auprès de grands maîtres tels que Amraan l'Israélite et Radi Ed-Dine al-Réhabi. Il avait à sa disposition une immense bibliothèque qui comportait entre autres les ouvrages de Rhazès, Avicenne et Maïmonide. Il a enseigné, à son tour, la médecine et supervisé un pavillon de l'hôpital al-Nouri. Il se rendit au Caire, en Egypte, à l'âge de 25 ans environ, à la demande du Sultan, où il passa le reste de sa vie. En tant que médecin chef de l'hôpital al-Nassiri, il transmit son savoir à de nombreux spécialistes parmi lesquels le fameux chirurgien Ibn al-Quff al-Masihi. Il enseigna également à l'école de l'hôpital El Mansouri (Mansuriya) au Caire. Il ne se maria jamais. Ses contemporains lui donnaient la même stature qu'Ibn Sina au plan de l'autorité scientifique et de la connaissance médicale. L'on raconte même qu'il connaissait par cœur le Canon d'Ibn Sina et était imprégné des livres de Galien. «Pour rédiger ses ouvrages, il se bornait à écrire ce qu'il retenait, s'appuyant sur ses expériences, ses observations et ses découvertes» sans revenir à une quelconque référence. Il avait la réputation d'être très étourdi, souvent perdu dans des pensées profondes, avec par moments le besoin d'écrire des centaines de pages dans une solitude absolue. On sait encore qu'il était très pieux et qu'il devint très riche Sa plus grande contribution en matière médicale est son approche personnelle qui comporte des commentaires sur des travaux anciens auxquels il a apporté sa propre évaluation originale. Adoptant la dissection comme méthode de travail, Ibn al-Nafis a abouti à sa découverte originale majeure : 1. Découverte de la circulation sanguine dans les artères coronaires ; 2. La circulation sanguine vers les poumons pour les fournir en air et non en aliments ; 3. Inexistence d'air ou de sédiments dans les artères pulmonaires (comme le prétendait Galien), et présence du sang seulement. Il a été le premier à décrire correctement les poumons, les bronches et de l'interaction existant entre les vaisseaux et le sang ; bien avant Miguel Servet auquel est généralement attribuée cette découverte. Ibn al-Nafis révélait la première description de la circulation pulmonaire, après celle avancée par Galien au IIe siècle Ibn al-Nafis réfute les erreurs de ses prédécesseurs : le dogme galénique sur la communication interventriculaire et la description de la circulation pulmonaire. Il a également compris le rôle des artères coronaires dans l'irrigation du muscle cardiaque : A sa mort au Caire en 1288, Ibn al-Nafis légua une magnifique maison de marbre et sa bibliothèque à l'hôpital al-Mansur, qui venait juste d'être construit au Caire. Ibn al-Nafis devrait être reconnu comme le principal précurseur de Servet, Vésale, Colombus et Harvey pour la description de la circulation pulmonaire telle que nous la connaissons aujourd'hui.