La finance est toujours et partout d'une importance capitale, car elle détermine les moyens et permet dès lors de fixer les ambitions. Grandes sont les ambitions de l'Algérie, aussi grands sont les projets qu'elle entreprend. C'est pour cette raison que la manne financière, pour une fois à la hauteur de ces ambitions et de ces projets, doit être gérée avec rigueur et rationalité. uand le président de la République écoute le premier argentier du pays, c'est pour le voir disserter sur la situation financière dans sa relation avec le processus de développement économique de l'Algérie. Ce dernier est en effet tributaire d'un effort financier continuel, et continue, jusqu'à nouvel ordre (économique) algérien, de dépendre de la manne financière que constitue la fiscalité pétrolière, pour ne pas dire la rente, dont on connaît bien le rôle primordial dans la conduite des grands projets de développement, dans la concrétisation de la cohésion sociale ainsi que dans l'émergence d'une économie moderne qui soit capable de se substituer, du moins compléter la richesse en hydrocarbures, en vue d'un développement durable. La finance est toujours et partout d'une importance capitale, car elle détermine les moyens et permet dès lors de fixer les ambitions. Grandes sont les ambitions de l'Algérie, aussi grands sont les projets qu'elle entreprend. C'est pour cette raison que la manne financière, pour une fois à la hauteur de ces ambitions et de ces projets, doit être gérée avec rigueur et rationalité. Pour toutes ces raisons, ainsi énoncées, l'argentier du pays est la première personne à venir rendre des comptes au président de la République lors des désormais traditionnelles auditions de l'été qui précèdent immédiatement la rentrée sociale. M. Karim Djoudi a détaillé devant le chef de l'Etat la situation économique et financière de l'Algérie et ses perspectives. Il en est sorti un bilan plutôt positif et des perspectives très prometteuses en matière d'affectation des ressources dans le sens de la qualité et du nombre des projets devant être réalisés. Ce à quoi tout le monde applaudit, acceptant le fait incontournable que l'effort public de financement se substitue au génie économique, mais souhaite et attend tout de même que celui-ci affleure et porte enfin ses fruits dans des secteurs qui n'attendent que cela.Quand le chef de l'Etat parle de «suivi rigoureux de la mise en œuvre de la politique nationale en matière financière», il faut y voir un appel à une plus grande modernisation du secteur des Finances en vue de la mise en adéquation de ses moyens, de ses performances et de ses savoir-faire avec l'exigence ainsi formulée qui ne renvoie à rien d'autre qu'à un système de supervision et de contrôle des deniers publics lors de leur affectation budgétaire au niveau sectoriel et régional. Rationaliser la gestion financière et sécuriser l'argent public, voilà ce à quoi peuvent mener des améliorations des capacités d'action du ministère des Finances et ses différents démembrements, dont l'institution fiscale qui a fait d'importants progrès ces dernières années, mais qui est appelée, selon les chiffres qu'elle produit elle-même, à réaliser de plus grandes performances en matière de veille et de recouvrement fiscal. Une manière de regarder le secteur des Finances tel qu'il doit être, autrement dit une instance qui donne l'argent et qui l'accompagne jusqu'à ce qu'elle constate sa transformation ou sa transposition rationnelle et équitable en projet finalisé. LES AUGMENTATIONS SALARIALES, UN FAIT STRUCTURANT Parmi les défis auxquels devra faire face le ministre des Finances, celui de placer définitivement le poste «augmentation des salaires» dans les budgets à venir ne semble pas des moindres. Il est vrai que l'aisance financière permet à l'Etat d'assumer les plus grandes dépenses, mais celle qui consiste dans l'augmentation des salaires a ceci de contraignant qu'elle est pérenne et donc structurante pour un budget qui continue de dépendre d'une richesse qui ne garantit pas, sur le long terme, la capacité du budget à soutenir un tel effort. Est-ce pour autant qu'on doive soutenir la contradiction vis-à-vis de la décision d'augmentation des salaires ? Que non. Celle-ci a été un choix politique judicieux et une option sociale urgente. Il faut juste espérer que la budgétisation des salaires ou de leur augmentation deviendra à l'avenir une question qui interroge et trouve ses réponses dans la dynamique économique et à travers les richesses qu'elle aura réussi à générer. LE MICROCREDIT ET LE CREDIT À L'ECONOMIE, UNE NECESSITE Voilà une contrainte budgétaire positive dans le sens où, à chaque fois qu'on la voit s'accentuer et augmenter de volume, on entrevoit bien de belles perspectives sociales et économiques. Le microcrédit est en train de faire des milliers d'heureux chaque mois parmi les jeunes promoteurs, qui arrivent à créer leurs entreprises et dont on espère qu'ils trouveront dans le nouvel environnement économique matière à les rendre florissantes et à étendre dans leurs activités. Ces micro-entreprises créent des emplois et répondent, au sein de l'environnement socio-économique, à des attentes en matière de créneaux investis. Quant à la question de leur viabilité et de leur pérennité, elle est tributaire de toutes les facilitations liées à la souplesse du crédit accordé et aux conditions fiscales, mais aussi à la capacité du jeune promoteur de s'imposer et de se faire un nom et une place sur le marché. Pour ce qui est du crédit à l'économie, ses chiffres montrent bien une hausse des attributions de ressources et prouvent, au besoin, que les banques réagissent mieux aux attentes des opérateurs économiques. Bien entendu, cet effort financier s'inscrit naturellement dans la logique de l'économie de marché, mais il a le mérite d'être inspiré par l'ambition de voir émerger de grandes entreprises qui réussissent dans leurs secteurs respectifs et qui n'avaient besoin que de crédit pour prendre leur envol. UN INVESTISSEMENT QUI DOIT PORTER SES FRUITS Cet emploi forcené et néanmoins nécessaire de l'argent public dans des domaines où l'économie devait normalement jouer son rôle si tous les secteurs producteurs de richesses étaient en mesure de la dynamiser. Le fait est là, l'économie algérienne demeure encore en transition et lui refuser le soutien de la rente pétrolière, c'est se résoudre à la voir stagner davantage encore. En revanche, on peut considérer cet effort comme un investissement, car il l'est par la force des choses, puisqu'il permet de reconstruire ce qui s'est dégradé, de construire ce qui manque, de restaurer la cohésion sociale et de donner aux jeunes et aux opérateurs économiques les moyens de dynamiser la vie sociale et économique. Toutefois, cet investissement est celui que consent un Etat pour fonder l'avenir de tout un pays. C'est donc un investissement qui doit absolument réussir.