Le récent discours de Monsieur le Président de la république, à Ouargla, a redonné espoir aux universitaires mais aussi à tout le pays, car il situe, encore une fois, les vrais et grands enjeux auxquels notre pays se doit de faire face et qui tous passent par une université debout et de performance. Redevenir, parce qu'elle l'a été et elle sait le faire (productrice de connaissances), et permettre au pays de s'insérer dans «l'économie de la connaissance», est effectivement fondamental et de première urgence, parce que c'est le moteur de tout développement économique, de toute indépendance et de toute souveraineté. Donner un statut de dignité à l'université est bien évidemment indispensable. Sans un tel statut, nos élites continueront légitimement à s'exiler massivement, mais ce seul statut pourrait remettre l'université à l'endroit et enfin en marche. Car, mise hors de son temps et de sa véritable mission, l'université souffre de bien d'autres maux chroniques et structurels. Classée parmi les dernières universités au monde, elle est subie comme une catastrophe naturelle inévitable par ses étudiants, méprisée par sa société et détestée par ses propres enseignants, depuis longtemps en rupture totale de leur institution et de leurs responsables locaux et centraux. Ce statut est vital et le préalable à tout, mais il ne peut être que la première étape de tout redressement de l'université. Pour revenir dans sa société et dans son siècle, redevenir un espoir de promotion sociale et intellectuelle de la jeunesse et faire face réellement et convenablement aux défis relevés par Monsieur le Président la république, d'autres mesures, toutes aussi importantes, se doivent d'accompagner sans attente le nouveau statut. Elles sont d'ordres éthique, pédagogique, scientifique et administratif. LMD es-tu là ? Abandonnée depuis des décennies à un parcours des plus chaotiques et simplement inertiel, sans prospective et sans réels moyens ni encadrements requis, l'université a finalement été réduite à simplement gardienner des effectifs étudiants de plus en plus pléthoriques et de moins en moins concernés par une quelconque formation universitaire. Car anesthésiés dans l'arbitraire et un brouillard pédagogique et scientifique aux antipodes des valeurs universitaires, où d'authentiques vessies sont décrétées lanternes et «gèrent» contre toute rationalité des cursus devenus illusoires, acquis quasi-mécaniquement par un simple effet de poussée de masse. Un système d'enseignement, depuis longtemps pratiqué en Occident et de plus en plus généralisé dans le monde, a finalement été décrété plutôt qu'adopté : le LMD (licence, master, doctorat). Ce système de formation universitaire à trois paliers est parfaitement rodé ailleurs depuis des décennies dans tous ses aspects de fonctionnement. Par dizaines des séminaires ont alors été organisés, en principe pour favoriser sa mise en place, mais au final, ces conciliabules formels ont réinventé une version inédite et des plus singulières ; un «LMD» qui ne correspond à aucun standard connu et à géométrie très variable d'une université à l'autre. En effet, les principes fondamentaux du véritable LMD responsabilisent individuellement l'étudiant, en lui permettant d'adapter librement son profil de formation à ses projets, dans une mobilité totale et le libre choix du tracé de son parcours. Cette situation est routinière partout ailleurs et même dans des pays voisins par une application rationnelle et la mise en œuvre des moyens requis qui sont considérables : des moyens matériels et surtout un encadrement adéquat, bien plus important et bien plus qualifié que dans l'ancien système où l'université était déjà noyée. Que s'est-il passé ? Sans véritable et indispensable transition et sitôt le «LMD» décrété, des licences puis des masters tous azimuts ont été proposés avec une totale désinvolture par toutes les universités. Leurs responsables étant engagés dans une incroyable surenchère à qui ouvrira le plus de formations et à qui «basculera» le plus vite dans le nouveau système. Au seul profit de l'image et de la promotion administrative et dûment «chiffrée» de leur carrière, contre toute raison et sans se préoccuper le moins du monde ni de la réalité de leurs capacités, ni de la viabilité de ces formations, ni encore de leur opportunité pour notre pays. Avalisées presque automatiquement, la plupart de ces formations résultent, en fait, soit d'une simple reformulation des antiques formations de DES de 4 ans en «nouvelles» licences de 3 ans, soit carrément d'un «copier/coller» sur Internet, sans discernement ni aucun lien avec la réalité de notre université et du pays. La situation globale et réelle est celle-là, et le «LMD» actuel n'a rien à voir avec le LMD universel que notre pays ne peut aucunement pratiquer, tout simplement parce que les moyens humains sont trop insuffisants et les moyens matériels dérisoires, et sans aucun rapport avec le minimum indispensable. Et compte tenu de l'explosion continuelle des effectifs, cette perspective s'éloigne de plus en plus chaque année. Dans les faits, il suffit de considérer seulement quelques points fondamentaux du LMD universel, parmi beaucoup d'autres, pour constater l'échec total de son application : 1- Le tutorat essentiel des étudiants en LMD n'est pratiqué nulle part en raison des effectifs étudiants ingérables, de l'insuffisance et du manque de qualification flagrant de l'encadrement ; 2- partout, des commissions d'orientation imposent aux étudiants des formations non choisies et sans issue, ce qui est la négation même du LMD ; 3- aucune mobilité n'est constatée, y compris au sein d'une même discipline d'un même département, alors qu'elle devrait exister entre disciplines, facultés et universités différentes, 4- absence générale, ou au mieux, insignifiance des travaux pratiques et des travaux personnels dirigés qui sont partout ailleurs la colonne vertébrale du LMD. Quant aux «moyens considérables» annoncés et largement médiatisés, les enseignants en charge des formations n'ont en jamais vu la couleur. Voué au départ à un échec certain car structurel, le «LMD» est devenu une véritable usine à gaz, mais tout le monde fait semblant d'ignorer cet édifice énorme et bancal, bâti sur le sable, les responsables de sa mise en œuvre en premier : chefs d'établissements et responsables centraux. Réinventer la Recherche La recherche, en panne totale depuis bien avant le premier plan quinquennal mort-né de 1998, a pris un nouvel élan par le discours motivant d'une nouvelle équipe installée à sa tête. Ses responsables, chercheurs respectés, ont su trouver les mots pour être écoutés et soutenus par une communauté scientifique pourtant blasée, car depuis toujours, outrageusement malmenée. Après quelques années d'exercice, les efforts sont méritoires et les avancées certaines. Mais les promesses et les ambitions tardent trop à se concrétiser, les résultats concrets étant, pour l'instant, sans rapport avec l'ampleur immense de l'attente et du challenge. Manifestement, les responsables de la recherche peinent à faire bouger des lignes fossilisées et ils ne sont manifestement pas maîtres du temps, ni des moyens, deux conditions vitales à la réussite. Pour solder le très lourd héritage et sortir du tunnel, construire un tissu de recherche porteur et pérenne et remotiver des chercheurs désabusés, des moyens, un rythme et des pratiques d'une tout autre nature et d'une tout autre ampleur sont à l'évidence nécessaires, sauf à vouloir déplacer la montagne à la petite cuillère. D'autant que la forme prend peu à peu le pas sur le fond, le discours et la médiatisation sur l'action et le système semble finalement digérer et reformater, à ses règles délétères, toutes les bonnes résolutions. Car pour les chercheurs et sur le terrain rien de significatif n'a vraiment changé et ils restent en butte aux mêmes problèmes, dès lors, l'échec est patent et reste structurellement programmé. Ainsi, le très médiatisé et pourtant très modeste plan quinquennal 2008-2012 de développement de la recherche n'est toujours pas concrétisé, alors même que ses ambitions sont très largement en deçà du même plan quinquennal d'il y a 10 ans. Pourtant, les moyens du pays sont maintenant infiniment supérieurs, alors que la situation actuelle est pire et les besoins décuplés. A mi-parcours, les modestes dotations budgétaires des laboratoires restent virtuelles, de même que les indemnités légitimes des chercheurs. Alors que les moyens et les financements faussement triomphants et médiatisés à outrance sont très largement insignifiants, tant au regard des ressources du pays que des ambitions qu'il devrait impérativement avoir que des besoins et des normes universelles. C'est très exactement cette même démarche qui a déjà conduit la recherche dans l'impasse. L'ouverture sur la diaspora scientifique algérienne à l'étranger est en soi une excellente initiative. Mais pour sa réelle valorisation, il est vital de la soustraire à sa caporalisation et à son instrumentalisation actuelles, en la détournant résolument des circuits administratifs et politiques stérilisants et en la mettant au contact et en prise directe avec les laboratoires, la direction de la recherche jouant le seul rôle de relais logistique. Son apport pourrait effectivement être des plus bénéfiques, mais à condition que cette collaboration soit de soutien complémentaire au potentiel local et non de substitution, sachant qu'aucune recherche ne s'est jamais faite et ne se fera jamais par e-mails. Les scientifiques algériens de l'étranger pourraient assister concrètement les laboratoires en élargissant leurs horizons, en les engageant dans des réseaux performants et de diverses manières à des thématiques, à des techniques et technologies actuelles et à la valorisation indispensable de leur travail. En particulier, par des stages et des collaborations croisés qui pour être pérennisés doivent se faire en dehors de tout bénévolat, être correctement rémunérés et gérés directement par les laboratoires dans des relations de partenariat comme partout ailleurs. Madame la ministre déléguée à la Recherche a annoncé une dépense annuelle de 25 milliards de dinars pour le secteur. Au-delà de l'effet médiatique recherché, ce montant est en fait dérisoire et représente moins de 0,05% du Produit intérieur brut (PIB) qui évalue les richesses d'un pays, le ratio au PIB étant partout utilisé pour évaluer l'effort de recherche d'un pays. Ce qui nous met au niveau des pays les plus pauvres et les plus arriérés au monde, très loin derrière nos voisins (près de 2% du PIB en Tunisie et plus de 1% du PIB au Maroc) et à des années lumières des pays développés. A cette situation peu reluisante s'ajoute un environnement des plus hostiles, inconnu partout ailleurs : pesanteurs administratives insurmontables, absence de toute logistique professionnelle (équipements, maintenance, réactifs…), mépris et incompétence des responsables locaux, isolement international… Par ailleurs, l'inflation actuelle du discours est porteuse de dérives encore plus malsaines, tant par l'ampleur trop excessivement surfaite des investissements consentis que des objectifs assignés. Ainsi, on demande aux laboratoires de souscrire à des projets au sein des «Programmes nationaux de recherche», en partenariat avec des opérateurs économiques. Dans le principe, c'est évidemment l'objectif idéal de toute recherche. Mais en Algérie, cela revient à rentrer des carrés dans des cercles, car pour faire un partenariat, il faut être au moins deux et la recherche ne peut assumer son rôle et celui des autres, tous absents. Etre un rouage tenu de fonctionner normalement et tout seul dans une mécanique multiple et coordonnée où tout est à l'arrêt. Où sont donc ces opérateurs économiques nationaux en besoin de produits de recherche ? La vérité est que notre économie actuelle n'en a pas. D'ailleurs, les nombreux «forums universités-entreprises» sont purement rituels et ils n'ont jamais débouché sur rien pour ces raisons. Leurs animateurs de circonstances ont toujours été des administratifs en mission de figuration et non des entrepreneurs, tout le monde le sait : leurs promoteurs en premier. La seule façon d'avancer est de penser autrement la recherche et de lui donner des missions objectives et graduelles et des moyens conséquents qui tiennent absolument compte de l'énorme passif et de l'amère réalité. Avec en premier, et à marche forcée, une indispensable phase de reconstruction du système de recherche et d'un environnement adéquat, l'objectif initial étant d'atteindre à tout prix le seuil critique de cristallisation des activités et du niveau, par une accumulation vitale et de longue haleine de pratiques et de compétences. Dans ce cadre, un rattrapage de notre immense retard est incontournable, par une remise à niveau rapide et aux normes internationales des laboratoires et des chercheurs en mesure de le faire et avec tous les moyens qu'il faut. « Après moi le déluge » (Louis XV) Toutes les institutions internationales spécialisées classent systématiquement et invariablement, chaque année, l'université algérienne et sa recherche aux places les plus infamantes. Une situation sans rapport aucun avec les moyens humains et matériels du pays. Ces classements internationaux sont pleinement reconnus dans le monde entier et appliqués à toutes les universités du monde. Mais par une gesticulation médiatique de pure circonstance, honteuse et ridicule, ils sont opportunément déclarés inadaptés à la seule université algérienne par ceux-là mêmes qui l'ont vidée de toute substance et scandaleusement avilie alors qu'ils ont mission de la développer. Réussir à classer nos universités derrière l'Ethiopie et les pays de l'Afrique sub-saharienne et avoir même deux de ses universités parmi les cinq dernières en Afrique, et donc certainement au monde, est un désastre qui aurait provoqué un séisme dans n'importe quel pays avec un cortège inévitable et pleinement justifié de démissions et de révocations en chaîne, pas en Algérie. Les «chiffres» sont décrétés partout et en tout excellents et tout va très bien, dans un enfumage illusoire de discours, de statistiques et de bilans absurdes. Mais la photo ne correspond manifestement en rien à sa légende et personne n'est dupe, pas plus les institutions académiques internationales que nos citoyens et encore moins les étudiants et les enseignants confrontés à une réalité à l'opposé des «chiffres» triomphants. Et au désespoir de tous, le zéro est partout gagnant et toujours à l'honneur. La presse nationale est régulièrement l'écho de scandales éthiques retentissants et de situations absurdes, subis partout et imposés sans scrupule et impunément à des universités et des universitaires parmi les plus dignes et les plus méritants : le ministère même, M'sila, Constantine, Oran… L'échec permanent et évident de l'université algérienne est incontestablement lié, pour une bonne part, aux pratiques délétères de ses responsables, pour la plupart incompétents et illégitimes et virtuoses de la transformation instantanée de l'or en plomb. Inamovibles et murés dans un système immuable de rente de situation, solidairement entretenu en réseau de cooptation clanique et tribale et maintenu au prix d'un discrédit national et international effarant de l'institution, d'une indignité absolue et totalement avilissant et intolérable pour notre pays et ses citoyens. Cette situation, gravement humiliante pour tout le pays, a des causes et elles sont manifestes, surtout dans l'encadrement et dans ses pratiques. Au niveau local, du chef de filière ou de département, au doyen et au recteur d'université, les nominations sont, pour la plupart, contraires aux règles les plus élémentaires de toute éthique et de toute déontologie. Elles sont couramment de simples cooptations tribales et claniques : fils ou fille de, frère ou gendre à, et dans tous les cas bien «estampillées» et automatiquement avalisées par la tutelle. Ces nominations sont pourtant contraires à sa propre charte éthique et à ses propres textes règlementaires que le ministre a publiquement promis à maintes reprises d'appliquer, en vain. Dans un reniement total des valeurs et de leur échelle et dans toutes les universités et à tous les niveaux de responsabilité, de simples et petits caporaux commandent à des généraux systématiquement combattus et méticuleusement écartés de tout et partout, impunément et sans aucune réaction de la tutelle, pourtant parfaitement instruite de la situation. Contre la nature même de l'université et de tous les usages universitaires, l'administratif est l'hyperpuissance qui écrase outrageusement le pédagogique et le scientifique qui constituent l'unique et seule substance de toutes les universités du monde. L'arrogance, la chasse au travail, aux compétences et aux valeurs universitaires, l'arbitraire et les passe-droits les plus délirants sont de règle. Ces responsables, obsédés de durer, ne doivent leur position qu'à leur évidente incompétence qui implique une soumission zélée et absolue aux injonctions de toutes sortes de leurs séides. C'est par centaines que les universitaires les plus compétents ont été à jamais broyés par ce véritable système d'éradication des élites au profit du néant. Comme le montre une énième fois l'incroyable situation du Pr. Rouadjia de l'université de M'sila, honteusement traîné devant les tribunaux et finalement condamné à la prison pour un ubuesque crime de lèse-majesté. Comment peut-on concevoir et accepter un seul instant qu'un «doyen» de faculté ou un «recteur» d'université n'aient aucune existence pédagogique ou scientifique avérée et reconnue ? Quelle crédibilité peuvent-ils avoir vis-à-vis de leurs étudiants, de leurs enseignants ou de leurs partenaires locaux et étrangers, qui tous, d'un simple clic sur Internet, les situent immédiatement à mille lieues de toute université ? Comment accepter que de simples doctorants en formation justifient des CV supérieurs à celui de leur «doyen» de faculté ? A l'université, la responsabilité est d'abord perçue comme un butin, avec un inévitable lot de privilèges dus et surtout indus, le système étant maillé et hermétiquement fermé en un réseau de soutiens, de soumissions claniques et d'intérêts croisés qui entretiennent sa pérennité. Ainsi, du doyen au chef de département, un véritable droit de cuissage est exercé sur les stages à l'étranger, tous bénéficiant de stages indument retenus à la source, en dehors de toute considération pédagogique ou scientifique. En amont, un quota encore plus important est distribué en dehors de tout circuit légal, pour rétribuer le clan, entretenir ses intérêts et promouvoir et étendre l'allégeance. La récente et légitime instauration de primes de responsabilités pédagogiques a été une véritable curée où les enseignants de valeur établie sur lesquels repose réellement ce qui reste de l'université ont été là aussi écartés et spoliés au profit du clan et toujours des mêmes bénéficiaires multi-casquettes, responsables illégitimes de tout et partout et abonnés insatiables à toutes les mamelles et gavés à tous les râteliers. La même règle est appliquée aux quotas de logements de standing, alloués par Monsieur le Président de la république, immédiatement engloutis dans les méandres du secret absolu et au profit des mêmes. Le même sort est réservé aux recrutements, aux missions, aux mutations et autres heures complémentaires gérés immuablement et impunément sur le même registre. C'est cette réalité amère et incroyable, partout ailleurs parfaitement inconnue et totalement inconcevable, qui est imposée à l'université par ces responsables qui ont fini par transformer leur fonction en une monarchie ubuesque, imposant même leur terminologie : «corps des recteurs» et autres. Une absurdité totale qui n'existe nulle part au monde où recteurs, doyens et chefs de département sont respectés parce que légitimement nommés ou élus pour leurs compétences pleinement avérées et pour nulle autre raison, en mission ponctuelle et non pour en faire un métier ad vitam aeternam. Ces responsables ont sinistré durablement l'université et creusé un abîme irrémédiable avec leurs enseignants et leurs étudiants en donnant à l'université une image détestable et en brisant définitivement les relations de confiance et de respect indispensables des uns envers les autres. C'est ce qui explique aussi son discrédit national et international total et ses classements abominables mais, malheureusement pour notre pays, pleinement justifiés. Et maintenant ? Il est clair que le nouveau et vital statut de l'université ne servira à rien s'il n'est pas inscrit dans le cadre global et salvateur d'un renouveau total de toutes les pratiques. Un ensemble de mesures complémentaires sont fondamentales au redressement de l'université, elles ne peuvent résulter que de sa libération de la camisole de médiocrité absolue dans laquelle on l'a enfermée. Il lui est indispensable de sortir de son autarcie aberrante, de se donner des responsables compétents et légitimes, de s'ouvrir et de se confronter résolument à son monde et à ses critères universels de formation, de recherche et d'évaluation. A l'université, l'éthique et les normes universelles de formation, de recherche et de gestion doivent absolument être rétablies et au plus vite, dans les faits et non plus dans les discours vains. L'enseignant et le chercheur sont à remettre d'urgence au cœur du système comme c'est le cas partout dans le monde, avec une formation constante et de qualité et une évaluation objective et permanente. Cela passe aussi par une remotivation indispensable des enseignants et des étudiants qui implique un arrêt immédiat et définitif de tous les dépassements de toutes sortes. L'université mettra, malheureusement, des générations à se remettre de ses maux. Mais si ses immenses cris de détresse restent ignorés, autant dire que le statut promulgué aura l'effet d'un sparadrap posé sur une jambe de bois. Nos dirigeants se doivent absolument de réagir et d'agir vite pour arrêter le naufrage, car sans une université performante, aucun développement n'est possible, parce qu'elle est partout le socle incontournable des concepts gagnants développés par Monsieur le Président de la république. C'est ce que démontre aveuglément le parcours de tous les pays réellement émergeants. De l'immense Chine à la petite Corée, passées du Moyen-Age à l'espace et de la famine à l'opulence en à peine 50 ans, et même de la très enviable Tunisie que nos concitoyens, meurtris de la comparaison saisissante, voient à nos portes avancer d'année en année à pas de géant avec des moyens infiniment inférieurs aux nôtres. Ces pays, et tous les autres ont commencé par le commencement : stopper à tout prix l'hémorragie suicidaire de leurs élites, car aucun pays ne s'est jamais développé autrement que par ses enfants, et mettre à niveau et aux normes internationales leur université dans tous les domaines. Notre pays a perdu beaucoup trop de temps à regarder indifférent sa région et le monde se développer et évoluer sans lui, à voir impuissant sa jeunesse se noyer en mer ou se perdre au maquis et désespérer de tout et d'abord et surtout de son propre pays. Un pays qui a pourtant largement et depuis toujours les moyens, absolument tous les moyens, d'être dans tous les domaines Le Major incontestable de sa région et en aucun cas son éternel homme malade et sa lanterne rouge attitrée. Dans tous les pays du monde, l'honneur et la gloire des dirigeants sont de pouvoir élever leur pays au dessus du destin que lui réservent ses rivaux. Manifestement, le sort actuel fait à l'université algérienne, aux élites nationales et ses conséquences déjà désastreuses sur le présent , l'avenir de sa jeunesse et du pays, clairement attestées par tous les classements internationaux de notre pays, vont bien au-delà de tous les rêves de ses pires ennemis.