Abou Marwan Ibn Zuhr, connu en Occident sous le nom d'Avenzoar, est un des plus grands médecins, cliniciens, parasitologues du Moyen Âge. Certains historiens on dit de lui qu'il est le plus important parmi les médecins arabes depuis Al Razi de Bagdad. Ibn Zuhr est né à Séville (capitale du royaume de Taïfa) vers 1091. Issu d'une famille versée dans la médecine, son père, Abou al-Alaa, était un médecin habile dans le diagnostic et le traitement des maladies, de même que son grand-père. Il s'initia à la médecine auprès de son père, après avoir étudié les lettres, la jurisprudence et la loi islamique, et fut un ami du médecin et philosophe Ibn Roshd (Averroès). Après la chute des Almoravides et l'émergence des Almohades, Ibn Zuhr devint médecin et vizir auprès d'Abdel Moumen, fondateur de la dynastie, qui l'entoura de sa sollicitude, ce qui a permis au médecin de rédiger ses meilleurs ouvrages. Il a fait toute sa carrière à Séville où il mourut en 1162. CONTRIBUTIONS SCIENTIFIQUES D'IBN ZUHR Avenzoar s'est surtout consacré à la médecine contrairement aux autres scientifiques qui abordaient plusieurs champs de la connaissance. Ainsi, il a pu contribuer à des travaux originaux et sur le long terme. Il se différencie des autres médecins par l'importance qu'il donne à l'observation et à l'expérience dans son travail, qui, d'après lui, est la meilleure base et le véritable guide à la pratique médicale. Ainsi, on pense qu'Ibn Zuhr était compétent en dissection des cadavres humains et qu'il connaissait parfaitement l'anatomie. Il a fait plusieurs découvertes capitale en tant que médecin. Il a été un des premiers à faire des expérimentations sur l'animal avant de les appliquer sur l'homme. En plus de sa pratique de la chirurgie, il introduisit de nouveaux éléments, tels que sa description des différentes maladies internes et dermiques. Il s'est penché, par ailleurs, sur l'ulcère et les maladies de la tête, des oreilles, du nez, de la bouche, des lèvres, des dents, des yeux, du cou, des poumons, du cœur, ainsi que sur les types de fièvres et les épidémies. Ibn Zuhr traite de manière pertinente et décrit pour la première fois les épanchements péricardiques, les abcès du péricarde, les tumeurs médiastinales, il fit quelques observations intéressantes sur les médiastinites suppurées et les tumeurs du médiastin, ainsi que les inflammations de l'oreille moyenne. Il employait l'eau de rose comme collyre. Avenzoar s'est appuyé, dans ses travaux, sur l'expérimentation et la rigueur scientifique, aboutissant ainsi à la découverte de maladies encore inconnues. Il étudia, ce faisant, les maladies pulmonaires et entreprit la chirurgie de la trachée, Avenzoar a été le premier à faire une description détaillée de la trachéotomie en observant les effets expérimentaux sur une chèvre. Il a eu l'idée de nourrir les malades présentant une paralysie du pharynx ou une dysphagie irréversible, par sonde trachéale ou rectale. Il fut, de même, le premier à injecter le sérum pour l'alimentation artificielle. Il est parmi les premiers à s'intéresser aux maladies endémiques dans un milieu donné. C'est ainsi qu'il a parlé des maladies auxquelles les gens sont souvent exposés à Marrakech. Il est aussi l'un des premiers à mettre en valeur le miel et ses avantages curatifs et alimentaires. Comme clinicien, il a fait des descriptions cliniques de la tuberculose intestinale. Précurseur sans le savoir, il a fait une des premières descriptions de la gale : il décrit le «souab» qui existe sous la peau et dont il sort un animal très petit que l'œil a de la peine à découvrir. Mais Avenzoar ignore s'il s'agissait du sarcopte ou de poux et attribue la maladie à des altérations humorales. Ainsi, il est également un précurseur en parasitologie.