L'islam ayant connu une grande expansion après la mort du Prophète (QSSSL), beaucoup de nouveaux convertis à l'Islam d'origine non arabe, dits «âjm», se sont trouvés dans l'incapacité de lire ou de comprendre le Coran avec l'aisance des arabes de souche, qui comprenaient autant les subtilités des versets coraniques que celles des sentences prophétiques par instinct linguistique. Les sciences de la religion ont alors connu, et dès le premier siècle de l'Hégire, une véritable révolution donnant, en parallèle, naissance à une multitude de disciplines dans divers domaines. Pour le Coran, par exemple, comme l'écriture arabe du temps de la révélation n'était qu'une représentation graphique sans points, permettant de distinguer, entre autre, la lettre «sin» de la lettre «chin», ni signes diacritiques «haraket», donnant à la terminaison de chaque mot la déclinaison ou la flexion en rapport avec sa fonction syntaxique, on a commencé par introduire, en guise de vocalisation, un système de points dans le texte coranique, ce qui évitait aux lecteurs de faire des erreurs de prononciation qui dénatureraient le sens des versets ; cette tâche fut confiée au grand grammairien du premier siècle de l'hégire «Abou al-Aswad al-dou-ali», certaines sources rapportent que la chose s'est faite par ordre de «Ali ibn Abi Taleb», d'autres qu'elle lui a été suggérée par «Zyad ibn Soumia», gouverneur de Koufa sous la dynastie Omeyyade Mais ce système, même s'il avait réglé le problème au niveau de la syntaxe, ne permettait pas une bonne distinction entre les lettres qui se ressemblaient, comme c'est le cas des lettres «sin» et «chin», citées précédemment. C'est pourquoi, sous le règne de «Abdelmalek ibn Marouane», calife Omeyyade, «El Hadjadj ibn Youcef», gouverneur d'Irak, eut l'idée de perfectionner le système d' Abou al-Aswad al-dou-ali en faisant appel à son disciple « Nasr ibn Asem al-Lithi », on utilisa alors les points pour distinguer les lettres qui se ressemblaient et on introduisit les signes vocaliques que nous connaissons actuellement et qui sont :al-feth, al-dham, al-soukoun, al kasr. Pour ce qui est de la Tradition prophètique, «al-Sunna», les deux premiers califes Abu Bakr et Omar, interdisaient formellement à toute personne, surtout en cas de litige, de recourir à la tradition du Prophète (QSSSL) en guise d'argument, et ce, par crainte qu'elle ne soit porteuse d'erreur ou de mensonge. L'imam Al-Dhahabi rapporte qu'Abu Bakr disait, à ce sujet, aux compagnons du Prophète : «Vous êtes en train de rapporter des hadiths du Prophète (QSSSL) sur lesquels il y a entre vous quelques divergences, la divergence des gens, concernant ces hadiths, ne pourrait être que plus grande après vous. Ne parlez plus au nom du Prophète (QSSSL) et si quelqu'un vous demande quoi que ce soit, sur la religion, référez-vous au Coran». L'imam Al-Siouti rapporte que, durant son califat, Omar a émis, une fois, lors d'une assemblée, le désir de transcrire la tradition du Prophète (QSSSL), il a, pour ce faire, procédé à la prière de l'option du choix «salat al istikhara» pendant un mois au terme duquel il dit aux compagnons du Prophète (QSSSL) : «Je vous ai fait part de mon désir de regrouper la tradition du Prophète (QSSSL), mais je me suis rappelé que des gens du Livre avaient écrit des livres, en plus des Livres de Dieu, et que les gens ont ensuite adopté ces livres et délaissé les Livres de Dieu». Vers l'an 100 de l'hégire, sous la dynastie Omeyyade, et plus précisément sous le califat de Omar ibn Abdelaziz, plusieurs raisons majeures ont fait qu'un regroupement de la tradition prophétique devenait plus que nécessaire, Nous citerons entre autres : lLa naissance des courants politiques comme celui des khawaridj et des shiîtes. lLa dispersion des grands compagnons du Prophète (QSSSL), détenteurs de sa tradition et de son savoir. Ce qui a fait que les disciples de ses compagnons ne connaissaient de cette tradition que ce que connaissaient leurs propres maîtres. Ce qui a donné lieu a beaucoup de divergences entre les différentes provinces. lEt, surtout, l'apparition des faux hadiths : Hammad ibn Zayd, L'imam de Baçra au temps de l'imam Malek, rapporte que les hérétiques de cette époque ont inventé prés de quatorze mille faux hadiths. Cette tendance visant à introduire le faux dans la tradition du Prophète (QSSSL), a été l'une des raisons les plus importantes qui ont poussé Omar Ibn Abdelaziz a ordonner à son gouverneur de Médine Abu Bakr ibn Mohamed ibn Hazm, et aux autres gouverneurs, de procéder, avec l'aide des théologiens, au regroupement de ce qui était le plus authentique de la tradition du Prophète (QSSSL). Et c'est ainsi qu'a commencé l'écriture et le regroupement des hadiths du Prophète (QSSSL). Il eut, parmi les tout premiers narrateurs de la tradition, Al imam Maled, et Hammad ibn Salma, al imam Al Ouza'ï, Sofiane al Thawri Ibn Djouridj, Ibn Shihab. Mais les livres de cette première génération de narrateurs comprenaient, en plus des hadiths du Prophète (QSSSL), des sentences et des avis de ses compagnons et des grands savants de la génération de leurs successeurs «al-tabi'ine». Vers la fin du IIe siècle, on a commencé à voir un nouveau genre d'écrits, regroupant la tradition prophétique, appelés «massanid», pluriel de «mousnid», ces livres rapportaient les hadiths classées, par ordre alphabétique, selon les noms des compagnons qui les rapportaient à leur tour, c'est l'exemple du «mousnid» de l'imam Ahmed ibn Hanbal. La transmission de la tradition du Prophète (QSSSL) étant devenue, à cette époque, une science à part entière, on assista, après ibn Hanbal, à la naissance des grands précis tels que ceux de Boukhari, élève d' ibn Hanbal, et celui de Mouslim. Ces deux grands maîtres, ainsi que leurs prédécesseurs, ont formé, dans un esprit purement académique, toute une génération de transmetteurs comme Abou Daoud, Ibn Madjh, Al Tirmidhi et Al Nissa'i. Au IVe siècle, cette science se rapportant à la transmission de la «sunna», a commencé à acquérir son propres jargon et ses spécialistes, et c'est ainsi que l'on vit le premier manuel parlant exclusivement de cette science appelée, désormais, «‘ilm mustaah al hadith», écrit par Al Ramahurmouzi et qui s'intitule «al muhdith al fasel bayn arraoui wal wa'i», ce livre a ouvert le chemin à d'autres tels que : Al-Hakem « marifat ulum al hadith», Al Khatib al-Baghdadi «al kifaya fi ilm erriwaya »…jusqu'à ce que vienne Al Shahrazouri, connu sous le nom d'Ibn al-Salah et qu'il écrive son livre, référence en la matière, «al-muqqadima». Enfin, pour ce qui est du droit musulman (al-fiqh), cette science a elle aussi connu son évolution afin que les hommes puissent la comprendre, l'interpréter et l'adapter à toute situation tout en restant conforme à son esprit originel. Mais c'est là un point que nous développerons demain avec l'aide de Dieu.