Le plus grand physicien de l'Islam, Ibn al-Haytham, connu par l'Occident médiéval sous le nom d'Alhazen, naquit en Irak en 965. Il se rend au Caire sous le règne du calife fatimide Al-Hakim dont la bibliothèque est alors presque aussi remarquable que celle de la Maison de la Sagesse de Bagdad. Mais la carrière d'Ibn al-Haytham au Caire n'évolue pas comme il le souhaite. Soutenant que les inondations du Nil sont dues à un défaut de contrôle hydraulique, il obtient le financement du calife pour une expédition technique en Haute Egypte, vers la source du Nil. Parvenu à la première cataracte, Ibn al-Haytham doit cependant admettre que son projet est irréalisable. De retour après cet échec, on lui confie un petit poste dans le gouvernement, mais Ibn al-Haytham craint que le calife, excentrique et sanguinaire, ne le châtie. Pour échapper à la colère du prince, il choisit de feindre la folie. Il ne recouvrira la santé mentale qu'à la mort d'Al-Hakim. Enfin libre de ses mouvements alors qu'il approche tout de même la soixantaine, Ibn al-Haytham peut enfin se consacrer entièrement à ses travaux scientifiques. L'œuvre d'Ibn al-Haytham recouvre plus d'une centaine d'ouvrages dans les domaines des mathématiques, de l'astronomie, physique et même philosophie. Ses apports ont été particulièrement importants en optique où il obtint des résultats totalement nouveaux, en rupture avec les théories grecques. Dans son livre Kittab al manadir (le livre de l'optique), référence pour toute la physique du Moyen âge, Ibn al-Haytham expose ses théories sur la vision et la lumière. Il étudie avec précision l'anatomie de l'œil et établit que les rayons lumineux se dirigent en ligne droite de l'objet vers l'œil et non le contraire. Il observe également les phénomènes de réfraction et diffraction de la lumière. En astronomie comme en mathématiques, Ibn al-Haytham reprend et améliore les théories de ces prédécesseurs. Ses méthodes de travail, particulièrement modernes puisqu'il adopte une approche mathématique et expérimentale des problèmes, ont fait de son œuvre l'apogée de la physique arabe.