La détermination des Palestiniens à se réconcilier pour faire front commun contre Israël, leur ennemi, d'abord, et aller ensuite en rangs unis en septembre prochain à New York pour gagner la bataille de l'admission de la Palestine aux Nations unies comme le 194e membre, serait-elle une conséquence du printemps arabe ? Tel a été le thème d'une conférence-débat, animée jeudi soir à la salle Azzeddine Medjoubi, Alger, par l'ambassadeur palestinien en Algérie, Hocine Abdelkhalek et organisée par le Centre d'études et de recherches Amel. «Après les accords d'Oslo, synonymes avant tout d'une promesse d'un Etat palestinien à l'horizon 1999, nous pouvons dire, aujourd'hui, que la question palestinienne est à un tournant décisif. La raison ? Par sa répression et sa poursuite de la colonisation, dernière en date le feu vert donné à la construction de 1.600 logements à El Qods-est, malgré les profonds regrets des Américains et des Européens, Israël a bloqué toute avancée dans les négociations. Près de 20 ans après, nous sommes quasiment au même point, même si nous avons pu depuis ressusciter une identité palestinienne, créer des institutions (politiques, économiques, éducatives, sécuritaires). Pour contourner les blocages israéliens et la complicité dont ils bénéficient en Occident, nous irons à New York, avec le soutien de la Ligue arabe et de l'Organisation de la conférence islamique pour actionner la communauté internationale. Malgré les menaces des Américains de mettre leur veto pour bloquer notre requête. Un veto qui ne nous fait pas peur. Primo, bien avant nous, des Etats, notamment de l'Europe de l'Est, ont essuyé jusqu'à 35 «non» avant de devenir membres de l'ONU. Deuxio, avec notre demande, nous mettrons Israël, les Etats-Unis au pied du mur. Sur sa lancée, le diplomate, qui a tiré à boulets rouge sur l'«inerte» de Ligue arabe, les partisans de la guerre des religions, s'est arrêté sur le principe de non-ingérence prôné par les pays arabes actuellement. «Il profite aux étrangers», dit-il. «En nous interdisant de nous critiquer, de nous donner mutuellement des conseils, en optant pour le silence, nous avons permis des interventions étrangères. Des interventions pas toujours bien avisées», explique-t-il avant de se poser quelques questions sur le «printemps arabe». «Nous sommes avec la liberté, la démocratie, mais ce qui se passe actuellement au Moyen-Orient nous inquiète. Nous devons songer aux changements qui ont eu lieu après la chute du mur de Berlin dont le 50e anniversaire de sa construction est commémorée ces jours-ci». Raison de ces inquiétudes ? M. Abdelkhalek n'exclut pas l'existence de mains israéliennes ou d'extrémistes religieux. «Si ce printemps perdure, il éclipsera la question palestinienne», prévient-il.