Mouammar Kadhafi, le leader libyen dont la tête est mise à prix pour 1,7 million de dollars mort ou vivant, ne baisse pas les bras. Ni devant les rebelles ni devant l'OTAN. Il promet de se battre jusqu'au «martyre» ou la victoire. Même si la liste des défections continue de s'allonger. Derniers noms en date, ceux d'Al Baghdadi Ali al-Mahmoudi, son Premier ministre et Abdelaati Obeidi, son ministre des Affaires étrangères. Des hommes d'affaires libyens appuyés par le CNT offrent 1,7 million de dollars pour la tête de Kadhafi, mort ou vivant. Pour «réduire» cette dualité du pouvoir, certains pays européens envisagent l'envoi de troupes à Tripoli, selon Oana Lungescu, la porte-parole de l'Alliance. La guerre de tous contre tous a commencé en Libye. Aux rebelles qui fêtent la prise de son QG à Tripoli sur la place des martyrs, Mouammar Kadhafi qui se serait «promené incognito» lundi soir à Tripoli «sans que les gens prêts à défendre leur ville le voient», selon un message audio - diffusé sur la chaîne syrienne Arrai - appelle tous les Libyens à se rendre à Tripoli pour la «nettoyer des rats». Telle est la réponse par médias interposés du «guide» libyen aux rebelles qui fêtent la prise de son complexe fortifié à Tripoli. Comme pour relativiser cette prise qualifiée de «tactique», il affirme dans un message sonore diffusé par la chaîne de télévision al-Orouba et repris par le site Internet d'Al-Libiya, la chaîne de son fils Seif al-Islam que le complexe de Bab al-Aziziya qui été rasé par 64 bombardements aériens de l'Otan n'était plus qu'un tas de décombres, selon Seif al-Islam, les forces loyales à son père ont permis l'entrée des forces rebelles dans la capitale pour les y piéger. «Nos forces sont capables de résister pendant des années et de transformer la Libye en un brasier», prévient Moussa Ibrahim, un de ses porte-parole. Songerait-il à l'utilisation d'un centre de recherche à Tripoli qui abriterait selon Olli Heinonen, un ancien inspecteur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) des stocks d'uranium et d'autres matériaux pouvant composer une «bombe sale» ? A l'arrivée de plus de 6 500 personnes à Tripoli pour rejoindre les rangs des partisans de Kadhafi ? Selon Moussa Ibrahim, les loyalistes ne donneront aucun répit aux dirigeants de l'insurrection s'ils quittaient Benghazi, l'est de la Libye, pour s'installer à Tripoli. «Les volontaires peuvent venir en Libye et nous allons leur fournir armes, munitions et entraînement», dit-il à la chaîne Arrai révélant que les forces armées libyennes ont arrêté des «étrangers». Les rebelles qui estiment que la transition a commencé, persistent et signent. Kadhafi sera jugé en Libye d'abord et à la Cour pénale internationale ensuite pour ses crimes de guerre», affirme Abdel Hafiz Ghoga, porte-parole du Conseil national de transition (CNT), l'instance politique des rebelles qui prendra ses quartiers à Tripoli dès samedi. Mahmoud Djibril, le Premier ministre du CNT va d'une capitale européenne à une autre annoncer la tenue des législatives et présidentielles dans huit mois, promettre l'ouverture d'une campagne de réconciliation avec «tous ceux qui n'ont pas de sang sur les mains seront normalement traités» et rassurer les multinationales pétrolières. Notamment celles des pays à récompenser. Comme celles de la France qui auraient droit, selon le CNT à 35 % des futurs contrats. Dans cette course ouverte, même Mohammed al-Senoussi, héritier du trône de l'ex-royaume de Libye, en exil depuis 23 ans est sur les starting-blocks. Il est, dit il, «prêt à servir» son pays, si le peuple le désire.