Une bombe a explosé, vendredi 26 août, à la représentation des Nations unies à Abuja, non loin du siège de l'ambassade des Etat-Unis, et de plusieurs agences onusiennes opérant au Nigeria, parmi lesquelles l'Unicef, le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) et l'OMS (Organisation mondiale de la santé). L'attentat suicide (23 morts et 81 blessés selon l'ONU) a été revendiqué par le mouvement islamiste Boko Haram, né en 2004 pour fonder un Etat théocratique basé sur une stricte application de la chariâ dans le pays le plus peuplé d'Afrique, dont les 150 millions d'habitants vivent pour moitié dans le Nord majoritairement musulman et dans le Sud à dominante chrétienne. Ceux qui sont considérés comme étant les « talibans » nigérians, même s'ils n'ont aucune filiation avec leurs coreligionnaires afghans, ont intra muros un bilan particulièrement sanglant : le siège de la police nationale visé par un attentat en juin (2 morts), la tentative de soulèvement de 2009 violemment réprimée (700 morts), les attaques de Noël dernier (38 morts , 74 blessés). Mais, c'est la première fois qu'elle s'attaque à une organisation internationale avec une opération d'une telle ampleur. « Nous avons dit à plusieurs reprises que l'ONU est l'une de nos principales cibles », a déclaré au téléphone un dénommé Abou Darda qui se réclame de l'organisation terroriste. Tout en condamnant un acte abominable commis contre « ceux qui consacrent leur vie à aider les autres », le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a dépêché sur les lieux du drame la vice-secrétaire générale des Nations unies, la Tanzanienne Asha-Rose Migiro qui sera accompagnée du responsable de la sécurité à l'ONU, Gregory Starr, pour faire la lumière sur l'une des pires attaques subies par l'ONU. Face à cette attaque « contre la paix mondiale et l'humanité », l'état d'alerte a été décrété par Abuja. La sécurité a été renforcée pour parer à toute éventualité : des barrages de contrôle renforcés et des patrouilles de police déployées autour des cibles sensibles comme les bâtiments officiels, les ambassades et les grands hôtels. Le défi est immense. Il se légitime par la détermination clairement affirmée par le président nigérian, Goodluck Jonathan, de travailler pour « mettre le terrorisme sous contrôle », et la crainte d'une alliance ente Boko Haram, l'Aqmi (al Qaïda au Maghreb islamique) et les Shababs somaliens, formulée par le général Carter Ham de l'Africom. La menace régionale, source d'instabilité et de déstabilisation à grande échelle, a favorisé un renforcement de la coopération internationale. A la demande d'Abuja, des agents du FBI ont posé pied à Abuja. Une riposte globale et concertée à l'arc terroriste en gestation ? Au début du mois d'août, en visite au Nigeria, le général Carter Ham a souligné expressément que « les liens entre Boko Haram et d'autres organisations extrémistes en Afrique et ailleurs nous inquiètent beaucoup ».