Une explosion a fait au moins 18 morts, avant-hier, au matin, au siège de l'ONU d'Abuja. Une voiture piégée conduite par un kamikaze a percuté l'entrée de l'immeuble qui abrite plusieurs agences de l'ONU au Nigeria. Un homme a revendiqué l'attentat au nom de Boko Haram. La secte islamiste a mené plusieurs attaques contre la police dans le nord-est du pays ces derniers mois, mais jamais d'une telle ampleur. Les images passent en boucle sur les chaînes de télévision nigérianes. On y voit le bâtiment des Nations unies à Abuja éventré, des échelles installées dans les décombres. Jusqu'en fin d'après-midi, avant-hier, les secouristes et les forces de l'ordre se sont relayés pour sortir le personnel des agences de l'ONU pris au piège dans le bâtiment. L'intensité de la déflagration était telle que quasiment tous les étages ont été touchés. Près de quatre cents personnes se trouvaient dans les locaux vers onze heures locales, au moment où le kamikaze s'est fait exploser. Selon des sources proches des services de sécurité et des témoins, une voiture serait entrée dans l'enceinte de l'organisation. Elle aurait franchi deux portails de sécurité avant de foncer sur le bâtiment et d'exploser. UN MODE OPERATOIRE NOUVEAU La secte islamiste Boko Haram a revendiqué cet attentat laissant de nombreux Nigérians sous le choc. Avant-hier, dans la soirée, un membre se réclamant de la secte Boko Haram, a confirmé que ce sont ses hommes qui sont derrière l'explosion d'Abuja. Ces deux derniers mois, le groupe radical, qui veut imposer un Etat islamiste au nord du Nigeria, avait multiplié les attaques avec des modes opératoires de plus en plus sophistiqués, et bien au-delà des frontières de l'Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, d'où Boko Haram est originaire. L'INFLUENCE D'AQMI En juin dernier, la secte avait ainsi fait exploser une voiture devant le quartier général de la police à Abuja. Mais, avant-hier, la secte a frappé plus fort et brouille les pistes quant à ses revendications réelles. En faisant exploser une voiture et son conducteur au siège des Nations unies, Boko Haram vise pour la première fois la communauté internationale au Nigeria.Et son mode opératoire montre que la secte a formé des kamikazes. De quoi corroborer les craintes des observateurs nigérians et internationaux qui estiment que Boko Haram aurait tissé des liens étroits avec al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).