Retirer son argent de la poste est devenu une vraie sinécure pour les Oranais. En effet, malgré les sempiternelles assurances d'Algérie Poste, le même scénario se reproduit à chaque grande occasion. La tension a encore augmenté à l'approche de l'Aïd, alimentée par les nombreuses carences observées dans les différents guichets des retraits de chèques CCP. Les agences postales sont, ainsi, prises d'assaut dès leur ouverture par des milliers d'usagers venus retirer leur argent pour faire face aux dépenses de l'Aïd et de la rentrée scolaire. Ce rush a occasionné plein de désagréments aux usagers qui se plaignent du manque de liquidités. Le désormais fameux manque de liquidités s'ajoute aux non moins fameuses pannes du réseau informatique pour faire sortir les usagers du CCP de leurs gonds. Les privations du Ramadhan, les files interminables et la chaleur suffocante à l'intérieur des postes exiguës, sont la source de nombreuses altercations, heureusement sans gravité. Evitant, comme toujours, de se déjuger, les responsables d'Algérie Poste justifient ces situations anachroniques par «la hausse démesurée de la demande sur les liquidités». Selon eux, quelques 60 milliards de centimes sont retirés quotidiennement dans les 275 guichets répartis sur les 110 agences postales de la wilaya. Pour ces responsables, c'est le recours des usagers à la procédure du retrait par chèque qui cause problème et leur conseillent les distributeurs automatiques de billets. Mais ils oublient, bien volontiers, de mentionner les récurrentes pannes techniques dans la cinquantaine de DAB opérationnels au niveau des différentes agences de la wilaya. Les usagers, eux, «qui ont le pied sur la braise» constatent, à leur corps défendant, que ces «machins», régulièrement en panne et qui, de surcroît, «volent» les clients, ne sont pas dignes de confiance. A la décharge de l'opérateur public, Algérie Poste a, comme l'année dernière, pris toute une batterie de mesures pour alléger de la pression exercée sur leurs guichets et sur les usagers. Ainsi, des permanences de nuit sont instaurées après le f'tour, l'opérateur ayant réquisitionné, dès le début du Ramadhan, le personnel de cinq grandes agences postales pour assurer la permanence de nuit de 21h00 à 23h30. Sur sa lancée, il a, également, été fixé pour certaines agences postales un seuil maximal des retraits de 20.000 dinars pour servir le plus grand nombre d'usagers. Le seuil de retrait à partir des DAB a, quant à lui, été relevé à 80.000 dinars grâce à l'introduction des nouveaux billets de 2.000 dinars. Mais malgré toutes ces mesures, les tensions persistent et certains usagers, trop vieux ou éprouvés par les longues attentes, dans une chaleur suffocante, s'en retournent, régulièrement, chez eux, les poches vides et le regard triste.