Quelle fut unique cette soirée de clôture du festival international du Malouf ! En début de soirée c'est un documentaire montrant toutes les grandes figures du Malouf qui fut projeté, on regrette cependant l'omission de certains noms dont Raymond. Ensuite, c'est l'Orchestre Pilote de Constantine qui a fait son entrée et a offert au public un spectacle rare de plusieurs Noubas. L'Orchestre regroupait plusieurs générations d'artistes du Malouf, avec Bouda Kamel, Khalfa Ziad, Benhamoud Hamoudi, Touati Toufik, Segni Abderrachid, Rahmani Salah, Abdelmalik Merouani, Tarek Zaza et El Hadj Mohamed Tahar El Fergani en personne. Il faut dire qu'il y a belle lurette que les Constantinois n'ont pas goûté à la magie de la voix d'El Hadj, muni de son violon, et malgré l'âge il a quand même réussi à mettre le feu au TRC (Théâtre Régional de Constantine). C'est à la fin de la performance de l'Orchestre pilote qu'El Hadj s'est levé, prenant un micro de la main et interprétant une chanson, l'émotion était telle que tout le public, record en cette soirée, s'est mis debout pour danser et applaudir le maître. La suite fut quant à elle aussi fantastique avec la remise de plusieurs prix, car d'autres artistes viendront se joindre à la liste, dont El Hadj Darsouni. La photo souvenir était donc formidable, une image unique qui restera longtemps dans les annales du Malouf, et certains mélomanes nous ont déclaré qu'ils n'ont pas vécu un tel moment depuis les années 1970. «C'est rare de voir autant d'artistes sur la même scène, alors qu'il n'y a pas longtemps je pensais que le Malouf était en train de disparaître. J'avais vraiment les larmes aux yeux en voyant tout cela», nous a affirmé une dame. Même le premier responsable de la ville, en l'occurrence le wali, M. Boudiaf, était très heureux de partager ce moment. En montant sur scène pour annoncer la clôture du festival, il dira : «Nous espérons que la prochaine édition sera encore meilleure. Pour la première fois depuis très longtemps, il y a une réunion d'un Orchestre aussi important que celui de ce soir. Il ne faut pas qu'il disparaisse, au contraire il faut l'encourager et l'enrichir. Je suis prêt à vous appuyer pour organiser de tels évènements tous les mois si c'est nécessaire, il faut ouvrir au public les portes de la musique». La soirée s'est achevée en beauté avec l'ensemble libyen, Layali ETareb El-Liby, qui a présenté une orchestration plus douce, et plus orientale, avec cinq Mounchidine au chant et cinq musiciens, dont un universitaire musicologue et joueur de Kanoun qui a donné des frissons à la salle.