Lauréat du dernier festival national du malouf, en juin dernier, Abbas Righi, 25 ans, a fait deux prestations au festival international de malouf qui vient de s'achever à Constantine, l'une avec l'Orchestre régional de Musique andalouse, et l'autre avec sa troupe. Dans cet entretien, il nous parle du malouf et de ses ambitions personnelles. Tout d'abord, parlez-nous un peu de vous, et de votre rencontre avec la musique… Je suis titulaire d'une licence en sciences commerciales. Pour ce qui est de la musique, j'ai commencé en 1998 avec la Zaouia Errahmania et Ettariqa El Aissaouia sous la direction de Zine Edine Benabdellah jusqu'en 2002 où j'ai rejoint le conservatoire auprès du maître Abdelkader Darsouni. Je me suis engagé ensuite, en 2004, avec l'association Alliance Culturelle de Cirta. Ce choix est motivé par le fait que je voulais apprendre à jouer d'un vrai instrument, car au conservatoire, j'étais seulement percussionniste. Deux ans plus tard, j'ai regagné le conservatoire et j'ai appris à jouer du luth grâce aux conseils et aux leçons de mon cheikh Darsouni. Et pour ce qui est de votre parcours ? J'ai participé en tant que chanteur en 2007 à la première édition du festival national du Malouf de Constantine, j'étais classé 4e. L'année suivante, j'ai intégré l'Orchestre Régional de Musique Andalouse Malouf avec Samir Boukredera et 5 mois plus tard, j'ai rejoint l'Orchestre National de Musique Andalouse. Toujours en 2008, j'ai participé aux festivals d'Alger et de Skikda, mais aussi à la deuxième édition du festival national du Malouf, j'étais second au classement. En 2009, j'ai eu enfin le premier prix. Pourquoi avez-vous choisi le luth ? Quand j'ai commencé, je pensais que c'était plus facile d'apprendre à jouer du luth que de la Kamendja, j'ai donc choisi le luth ; mais c'est aussi parce qu'il est un instrument traditionnel plus que le violon par exemple, et il me permet en plus d'être à l'aise au chant. Certains musiciens du Malouf et même des amateurs sont partagés sur la question des réformes et de la modernité de cette musique. Etes-vous du côté des puristes ou plutôt celui des novateurs ? J'avoue que je suis un pur conservateur, car si on veut que le Malouf reste une musique andalouse classique, respectons alors la tradition. En introduisant de nouveaux instruments, cela risque de changer complètement l'harmonie, et donc ça ne devient plus du Malouf. Qui sont vos inspirateurs ? Je citerai pour la musique Malouf le maître Darsouni, Hadj Mohamed Tahar El Fergani, Cheikh Raymond et Salim Fergani. Pour les grands luthistes, c'est encore Salim Fergani et Raymond, mais aussi Sambati et Nasser Chema Lors de la dernière édition du festival national du Malouf, des personnes ont contesté votre première place. Que s'est-il passé ? Effectivement, des gens m'ont reproché le fait qu'il y avait à mes côtés des musiciens professionnels, mais dans le règlement du festival il n'y avait aucune note qui l'interdisait. Pour moi, cette affaire est résolue, j'avais pris la décision quelques jours après le festival de ne pas participer aux prochaines éditions. Est-ce que vous considérez que ces festivals (international et national) du Malouf ont une importance pour cette musique ? C'est très positif, car durant 10 ans, depuis les années 1990 jusqu'au début des années 2000, le Malouf était presque mort. Ces festivals ne font que du bien à la musique et à la ville. Justement, parlez-nous du contact avec les troupes étrangères lors de ce festival international… L'important c'est la rencontre avec les musiciens étrangers. Ils ont une autre vision de la musique, et nous essayons au maximum de profiter de leur savoir. Vos projets ? J'ai un CD qui doit sortir prochainement et un autre en cours. J'ai aussi un site internet. Pour ce qui est des festivals, je dois si tout va bien participer à la prochaine édition du festival Hawzi d'Alger, et peut-être à un festival au Maroc. Si je devais choisir les pays dans lesquels je veux jouer, je commencerais par le Maghreb.