En dépit des combats d'arrière-garde menés par certains nostalgiques accrochés à un mur d'époque, le Festival national de la musique andalouse et du malouf a pu réaliser ses ambitions : créer l'animation culturelle durant tout le Ramadhan, accroître le nombre de productions lyriques et des spectateurs et rentabiliser une infrastructure culturelle que les aléas de certaines gens prétendues de cultures mettent perpétuellement en danger. Pour ce Ramadhan, le rendez-vous d'une trentaine de troupes a pris valeur de test. Ce dernier est positif si l'on tient compte du taux de remplissage de la salle de spectacle, pleine à craquer chaque soir, au point où des centaines de mélomanes sont restés à la porte du théâtre. Chaque soirée, il n'y avait plus une seule place assise ou debout disponible. Depuis le début du Ramadhan, chaque mercredi, jeudi et vendredi, les troupes en provenance de toutes les régions d'Algérie : El Kissaria de Cherchell, Riadh El Andalous de Tlemcen, El Widadia de Blida, Edough de Annaba, les conservatoires de Constantine, sous la direction du grand cheikh Darsouni, et de Annaba, les amis de Hassen El Annabi et d'autres comme l'orchestre pilote de la musique classique de Constantine, dont les membres forment le tiers de l'orchestre national d'Algérie, les troupes de Skikda, et de Koléa, se sont surpassées. Dans la musique andalouse ou dans le malouf qui se sont succédé à des intervalles réguliers, quelque 200 musiciens des deux sexes et de tous les âges, ont offert un grand nombre de bonnes et agréables surprises aux spectateurs. Du côté de la jeunesse en particulier, qui, dans les deux programmes, a créé et offert à un public ravi les meilleurs morceaux choisis de la musique andalouse et du malouf. C'est dire que ces deux manifestations ont réussi à mettre en place une courte échelle bienvenue à des valeurs montantes de la chanson et dans les deux types de musique. En procédant à un choix très rigoureux des troupes, associations, chanteurs et musiciens appelés à participer à ces festivals, la direction de la culture et son service de la programmation ont eu la main heureuse. Aux côtés de grands noms d'associations musicales, comme celles conduites par cheikh Darsouni d'El Kissaria, de Koléa et de Annaba, les organisateurs en ont inclus d'autres avec le maître du malouf de l'est du pays, Mohamed Tahar Fergani, aux côtés de noms scintillants : Layachi Dib, Hamdi Benani... Durant les précédentes soirées, bon nombre de ces artistes ont mis en relief un goût pour l'insolence musicale mais mâtinée de tendresse alors que d'autres ont confirmé tout le sens de la désinvolture manifeste mais voilée de nostalgie, d'amour et de passion qui sied si bien au malouf. Sur les planches du théâtre Azzedine Medjoubi de Annaba, on les a tous retrouvés maîtrisant avec précision et séduction leurs instruments respectifs. Une chose est certaine, ce vendredi, lorsque le rideau tombera définitivement sur ces deux manifestations clôturées par une cérémonie officielle de remise des prix et récompenses, le Festival national de la musique andalouse et du malouf laissera des regrets. Notamment, celui lié à l'absence des troupes de renom d'Alger, d'Oran, de Tlemcen, de Béjaïa et autres de plusieurs régions du pays. La contrainte financière a énormément gêné les organisateurs. A regret, ils avaient mis de côté des musiciens et chanteurs locaux et nationaux de grande lignée. En tous les cas, à l'écoute des expressions de satisfaction, des centaines de familles qui n'avaient pas raté une seule soirée au théâtre Azzedine Medjoubi, on peut affirmer que la manifestation n'est pas une réussite. Elle est tout simplement un des plus grands succès culturels que la wilaya de Annaba ait pu enregistrer.